mercredi 28 janvier 2009

De Quenum à Houngbédji : tous des malins

Quinze ans après, se vérifie - cette fois-ci, avec sa propre famille politique - la célèbre boutade « la biche reviendra toujours à la rivière » du président Nicéphore Soglo. La mare RB ayant tari, les biches ont découvert une autre en pleine crue. Pour autant, Epiphane Quenum a raison : « seuls les imbéciles ne changent pas ».

De ses « plumes blanches » trônant sur un gabarit d’athlète, le député de la Renaissance du Bénin est déjà fort remarquable dans l’espace politique qu’il a investi dans l’ombre du caustique Candide Azannai aujourd’hui fâché contre ses anciens maîtres pour lesquels il voulait porter un « deuil éternel ». Epiphane Quenum, bel homme, hâbleur, généreux dans le contact, sociable est aussi un militant dévoué, même « têtu » comme il se définit dans sa dernière sortie médiatique du mardi 27 janvier. « Têtu » mais pas « borné ».

Car, il n’est pas facile pour un homme à la vie accomplie de devenir au fil des semaines, le principal guignol des différentes pièces théâtrales, tourné en bourrique par des acteurs, jeté en pâture à l’opinion publique parce que simplement à un moment donné de son combat, le personnage a affiché une attitude ou posé un acte (tambouriner en plein débats à l’hémicycle) en parfaite harmonie avec sa conviction et ses choix politiques.

De même, comment répondre aux interpellations quotidiennes de ses propres enfants, de ses parents et aussi de ses meilleurs amis qui subissent les quolibets de l’entourage pour avoir tambouriné alors qu’il s’agit d’un acte régulier dans les démocraties occidentales où les minorités en font une arme de défense contre la dictature de la majorité.
L’équation que résout en ce moment Epiphane Quenum est celle d’un homme avili qui se refuse de servir de tête de turc pour l’opposition. Morceaux choisis : « …Il y avait des gens qui avaient leurs mains à la tempe, qui soignaient leur image et qui se disaient qu’est-ce que Quenum est en train de faire comme cela ? Se rappelle t-il de sa femme et de ses enfants à la maison ? … »

Après quoi, les profiteurs sont venus tirer les marrons du feu. Comme des larves, tous ces « gens qui avaient leurs mains à la tempe, qui soignaient leur image » sont venus ensuite se nourrir des protéines du combat de M. Quenum. « Moi j’ai été humilié, j’ai été roulé, (puis) floué dans la farine», s’est-il justifié.

On le voit bien, le registre langagier d’Epiphane Quenum épargne bien le PRD et son « ami Tidjani Serpos », mais accable les groupes Force Clé, G13 et le MADEP qui donnent l’impression de jouer aux plus malins quand les autres ont les mains dans le cambouis.

« À la veille de la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale, à 3h du matin, les gens ont juré voter pour que Amoussou Bruno soit élu président de l’Assemblée nationale. À 7h, mon épouse me réveille et me dit qu’elle vient de suivre ; les gens disaient un à un, je le jure, je le jure. Et ils ont fait quoi ? Alors s’il y a des traîtres, ils n’ont qu’à se regarder d’abord. Avant d’injurier ton voisin, il faut te regarder pour voir si tu es propre. Si tu n’es pas propre, tais-toi ! ».

Pourquoi donc en vouloir à Epiphane Quenum qui a rejoint « la rivière » par amertume et non pas par conviction. Or avant lui, comme l’a déjà démontré le Parti Communiste du bénin (PCB) en 1990, le courage d’un homme politique est d’abord celui de s’assumer. Il y a donc à avoir un dégoût pour des déclarations du genre : « quand le peuple se trompe, il faut se tromper avec lui » lâché sans vergogne par un candidat malheureux à la présidentielle de 2006.

En réalité, et il faut convenir avec le député Quenum que ce machin de regroupement de l’opposition est sans objet. La victoire du docteur-président devrait servir de leçon à Lehady Soglo, Idji Kolawolé, Antoine Dayori, Lazare Sehoueto, Daniel Tawéma et surtout à Adrien Houngbédji, que tous au sein des G et F rechignent à admettre comme le leader naturel des forces coalisées qui souhaitent « changer de chauffeur ».

Afin que nul n’en ignore, la candidature à la magistrature suprême est un contrat entre l’individu et le peuple. Ce n’est pas une affaire de force coalisée. Elle le devient dès lors que l’image du présidentiable s’impose à tous. Comme quoi la surenchère nommée « Alliance Ouèlèguèdè » créée de toute pièce pour marchander l’électorat n’aura pas survécu. Et Epiphane Quenum a tout vrai de demander à sa barque de quitter cette mare de dupes.

Adrien Houngbédji devrait également se résoudre à un choix. Dans l’un (mouvance) ou dans l’autre (opposition), l’option du leader PRD sera la meilleure. Les autres le rejoindront après … quand ils auront fini de jouer aux plus malins.

lundi 26 janvier 2009

J’ai aperçu Wabi Gomez et …Anjorin

Pas le temps d’aller plus loin que les traditionnels vœux de nouvel an, l’ex-sélectionneur des Ecureuils avait sans doute un agenda très busy. Ce matin, entre un rendez-vous sur la main courante de l’ORTB avec l’excellent William Bassabi du service des sports de la radio et des sollicitations de staffs techniques des clubs d’élite, Wabi Gomez paraît très chaleureux. A l’opposé, le président de la Fédération béninoise de football, Moucharaf Anjorin, peu pressé d’enjamber la moquette qui mène en studio, fut dans l’après-midi moins convaincant. Pourquoi cette dissemblance ?

Nul n’est prophète chez soi. Cet adage s’applique bien à Wabi Gomez, premier technicien local ayant réussi à décrocher une qualification à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2008). Avec un CV d’entraîneur salué à l’étranger, au Gabon et en Côte d’Ivoire notamment, puis à l’intérieur avec la qualification des Ecureuils à la CAN 2008, Wabi Gomez mérite plus d’attention que tout autre. Mais au « pays des contrastes », les meilleurs n’ont pas droit de cité et Wabi Gomez en apprend tous les jours.

Ailleurs, dans les pays où le talent est exalté, Wabi Gomez aurait joui de ses résultats. Mais au Bénin où bouffonneries, méchancetés et coups tordus sont les maîtres mots de la gestion du football national, l’ex-sélectionneur finit au rencart comme avant lui beaucoup de brillants techniciens et même footballeurs qui ne demandaient que respect et dignité. Outre les cas les plus éloquents de footballeurs payés en monnaie de singe comme les ex-capitaines Jean Marc Adjovi Bocco et Moudachirou Amadou, le sort de Wabi Gomez, après celui d’Edmé Codjo, est révoltant.

C’est désormais connu que le destin des entraîneurs locaux se décline en deux mots : misère et placard. Misère, de part le salaire incongru et les maigres moyens de travail dont ils disposent pour atteindre leurs objectifs. Ainsi, prenez un entraineur national, donnez-lui un salaire ridicule, laissez-le à sa mobylette où mieux à sa voiture, refusez-lui des inspections de joueurs à l’étranger, imposez-lui de vivre dans son cagibi habituel à Cotonou, excluez tout achat de matériel propice à une bonne préparation technique, mettez tout cela dans un bocal, puis agitez. Le mélange donne un cocktail sucré de victoires puis une sédimentation salée d’un coach au placard.

Le contraste est saisissant au regard de l’agitation et l’opulence qui entourent les dirigeants. Les remous actuels à la FBF où un groupe dit de « rénovation » tente vaille que vaille de ravir la présidence à M. Anjorin, rappellent bien les circonstances entourant la succession de Martin Adjagodo en 2005 ou de Moucharaf Gbadamassi en 2001. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, pour chacun de ces responsables, ce sont les vice-présidents qui ont combiné en trahissant l’esprit d’équipe pour obtenir une alternance.

A l’approche de l’ultime renouvellement de la classe dirigeante du football béninois, l’actuel président de la FBF savoure amèrement le vent du dicton « qui tue par épée, périt par épée » avec la fronde initiée et entretenue par la majorité des membres de son bureau. On susurre cette fois-ci, que c’est le vice-président, Bruno Didavi, qui ne manque pas d’ambition légitime. On devine alors la finalité : la retraite pour Anjorin.

Tout de même, qu’on les aime ou pas, tous trois Gbadamassi, Adjagodo puis Anjorin, sont au préalable sollicités pour leur « douceur » ou leur « humanisme ». Mais les intrigues du milieu football ont fini par faire d’eux des « méchants » vomis par leurs mandants. Et s’il advenait que par miracle, loin de l’exercice quotidien, les générations futures se décident à les réhabiliter, ils rejoindront avec beaucoup de retard Gomez, Codjo, Adjovi Bocco et Amadou dont les mérites les ont déjà hissés plus haut que ces dirigeants.