dimanche 24 juin 2007

Pourquoi les Togolais ont disjoncté !

En apprenant que nos voisins de l'Ouest ont perdu leurs nerfs après la lourde défaite des Eperviers à Cotonou, nombreux sont les Béninois qui s'interrogent sur l'essence de l'esprit belliqueux qui s'est emparé des frères togolais. Mais tout convergeait à la violence. D'abord l'enjeu, ensuite le derby et enfin la débâcle.

N'en voulons pas à nos frères togolais. Le football est ainsi fait. Là ou la passion passe, la raison s'efface. Les dernières violences sur les Béninois au Togo n'ont aucune explication encore moins de signification. La nature humaine est ainsi faite. Quand l'orgueil est sonné, on se laisse aller à ses nerfs. Les Togolais venaient à Cotonou pour décrocher une qualification à la Coupe d'Afrique des Nations. Une victoire même étriquée leur ouvrait, avec 12 points, le sésame. Mal leur en prit. Il faudra attendre la dernière journée pour décanter la situation dans le groupe 6. Les modestes Ecureuils, au "palmarès creux" et aux "performances poreuses" ont brisé l'élan des Eperviers entamé en 2005 avec ces superbes performances pendant les qualifications à la CAN 2006 puis l'apothéose d'une présence à la Coupe du monde 2006. L'histoire a horreur du bégaiement : une absence du Togo à la CAN 2008 renforcerait l'idée que sa présence en Allemagne n'était pas méritée. Sur cette belle lancée d'une qualification consécutive, une équipe aphone comme le Bénin vient couper une aile au rapace compromettant ses chances de se retrouver au Ghana voisin. Quelle impétuosité !

N'en voulons pas à nos frères togolais. La compétition est ainsi faite. L'animosité dans une famille ne s'estompe que lorsqu'un protagoniste refuse de faire le dos rond et se décide à passer sous les fourches caudines. Les adversités entre frères sont toujours des plus violentes Proximité oblige, la compétition est des plus rudes. C'est cela un derby. Une rencontre qui oppose deux camps, ayant des similitudes, partageant la même histoire, la même culture et la même géographie. Mais qu'une broutille appelée football oppose un matin parce que tout simplement un patriarche nommé CAF a proposé de sacrer l'un au détriment de l'autre à condition que le premier remporte une partie, ici une qualification à la CAN. L'enjeu de taille rappelle les légendes africaines des monarques qui souhaitent marier leur fille unique, la princesse, la plus belle de la cité, au prince charmant qui aurait répondu à toutes les énigmes ou remporter un combat épique.

N'en voulons pas à nos frères Togolais. La défaite est ainsi faite. Elle a des goûts amers. Surtout quand elle vous dérobe tout au moment où vous y attendez le moins. Se faire battre aussi lourdement par un adversaire que l'on prend pour une vaudeville est une humiliation. Dans ce derby, les Togolais ont oublié que ces éliminatoires ne sont qu'une course de fonds et non de vitesse et que la tortue peut dans ce cas prendre le dessus sur le lièvre distrait. Donc que les Ecureuils bien coachés peuvent remporter une affiche devant des Eperviers plus aguerris. L'adversaire ainsi dégonflé n'a plus de bravoure. Un homme qui perd sa bravoure dans la débâcle perd sa lucidité. Au pire, il est capable de se donner la mort. A défaut, il voit le malheur partout. Ses boucs émissaires sont tout trouvés. Sa famille, ses frères, son entourage, etc.
N'en voulons pas enfin à nos frères togolais. Quand on sait que le dernier adversaire qu'est le Mali jouera crânement ses chances à Lomé et surtout cherchera à répliquer à l'affront de mars 2005 à Bamako, il faudra craindre le début d'une véritable infortune pour nos voisins. Ce qui n'est pas souhaitable pour le Togo, car le football est la seule chose commune que partagent ses citoyens. Fini un match des Eperviers, que les rancœurs interethniques reprennent, avec leurs corollaires de violences électorales et de réfugiés tous azimuts dans les pays voisins Ghana et Bénin.
Aidons nos frères togolais à s'en sortir. Faisons leur comprendre qu'ils ont encore des chances de se qualifier à la CAN. Surtout qu'ils ont un match à domicile qu'il faudra gagner à tout prix. Expliquons leur que l'idéal est que Togo et Bénin se qualifient ensemble à Accra. De façon à ce que les cinq pays du Golfe de Guinée, Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigeria qui , de part et d'autre des frontières communes, partagent la même côte, les mêmes populations, les mêmes cultures, les mêmes régimes alimentaires, ont plus intérêt à être ensemble qu'à se pourfendre pour des broutilles de compétitions sportives. C'est cette musique-là que les Béninois doivent jouer pour apaiser leurs frères togolais.

lundi 18 juin 2007

La qualification des Ecureuils se joue à Lomé

Le parfum de qualification avidement inhalé à Cotonou est contenu dans une baudruche. Une victoire à Freetown face aux cancres sierra-léonais pourrait s'avérer insuffisante si l'un des deux rapaces, Eperviers ou Aigles, l'emportait d'un tout petit but à la dernière journée. En clair, pour les Ecureuils, le ticket gagnant du banquet d'Accra se joue plutôt à Lomé.

Accra n'est pas si loin. Mais pour y arriver, il faudra passer par Lomé. Cette lapalissade n'est pas que géographique. Elle est aussi sportive. Aussi bien pour les Ecureuils que pour les Aigles, la capitale togolaise devient dorénavant le siège de toutes les appétences. Comme si le sceptre du groupe 6 était entreposé dans un tabernacle chez nos voisins togolais, Lomé déterminera fort bien qui des trois prétendants mérite de fouler les pelouses ghanéennes en janvier 2006.

Le match plein, assuré par les Ecureuils dimanche dernier, a relancé la position des "Jaunes". Désormais à 8 points, juste derrière les deux co-leaders du groupe (Togo et Mali, 9 points chacun), le Bénin n'a pas son destin à ses crampons. Curieux paradoxe ! Après le match titanesque face au Togo et le boulevard qui se dresse face à la lanterne rouge du groupe, l'on devait rêver à une bien meilleure deuxième place, synonyme de qualification. Mais chasser les statistiques et elles reviennent au grand galop surtout dans une compétition pareille.

Il faudra retenir que pour se qualifier à la CAN 2008, il faut arriver premier ou premier ex æquo du groupe ou mieux accumuler au minimum 12 points au terme des six journées. Les deux derniers cas de figure sont à écarter pour les Ecureuils. Le premier cas est donc le seul qui vaille dans cette course pour Ghana 2008. Comme il est acquis ou permis de croire que les Léone Stars sont une machine à points, les Ecureuils avec 11 points gagneront leur ticket pour Accra à condition d'un match nul entre Eperviers et Aigles à Lomé. Tout autre résultat qu'un nul entre le Togo et le Mali élimine le Bénin. La qualification des Ecureuils se joue donc à Lomé et non à Freetown lors de la sixième et dernière journée.

Tchomogo, homme du match et Omotoyossi, homme de la journée
Pour autant le rêve qui est aujourd'hui permis est la résultante de l'éclatante victoire des Ecureuils emmenés par Omar Tchomogo. Avec deux passes décisives, la première, sortie des annales des écoles de football à savoir accélération, centre en retrait, l'arme fatale en football et la seconde, sur le même registre à partir d'un "Une-Deux" classique, Omar Tchomogo a tenu son double rang de capitaine et de meilleur passeur. Il aura ainsi permis en occasionnant le deuxième but de sonner le moral des Togolais et en provoquant le quatrième, de les assommer. Dans son couloir gauche, Tchomogo a été merveilleux par ces appels de balles qui ont rendu élastique et fluide le jeu des Ecureuils en deuxième partie.

De même, avec sa force bestiale de pénétration, Razack Omotoyossi a secoué l'ardeur défensive des Eperviers. Il aura réussi à se jouer de l'arrière garde togolaise en ouvrant d'abord le score en fin de première partie et ce contre le cours du jeu puis à récidiver une seconde fois avec le but du break. Son premier doublé en sélection face à une sélection nantie de performances comme celle du Togo en fait l'homme de la journée. Il confirme bien les choix de l'encadrement de le titulariser en pointe au détriment d'Abou Maiga.

Gagner sans tricher, le nouveau credo
Passée la période clair-obscure des penalties douteux, les Ecureuils savent à présent prendre leur destin aux crampons. Jouer sans tricher, gagner sans contorsions, tel semble le nouveau credo de l'équipe. C'est cette abnégation qui est à saluer dans la performance de dimanche. Une victoire limpide sans un coup de pouce, un football digne d'une romance avec un système de jeu bien rodé.

En choisissant de jouer l'offensive à outrance avec quatre attaquants (Tchomogo, Sessegnon, Ogoubiyi, Omotoyossi), Wabi Gomez est conforté dans son système. Il avait essuyé moult cirtiques face à l'Egypte en 2005 quand son équipe menant 3-1 s'est fait remonter à 3-3. Il a gardé la leçon sans renier ses convictions tournées vers l'offensive à domicile. Mais il y a deux ans le milieu de terrain béninois n'était pas aussi solide avec la paire Ahoueya-Tchomogo Séidath qui tourne actuellement à plein régime. Les deux qui ont pris du volume et de l'expérience rassurent à la récupération et ont beaucoup soigné leur relance.

Derrière, l'arrivée de Khaked Adénon aux côtés de Damien Chrisostome a sécurisé l'axe centrale. Enfin en raison, de la pléthore offensive, Wabi Gomez a bien compris en demandant à Anicet Adjamonsi et Alain Gaspoz de ne pas trop pratiquer les couloirs pour éviter la vague verte dans la seconde moitié béninoise. Dans cette entremise, Rachad Chitou a été tout oisif ce dimanche en l'absence d'attaquants percutants côté togolais.
En somme, comme un diesel, le moteur Ecureuils gagne du terrain. A condition que le retard mis au démarrage ne lui soit préjudiciable à l'arrivée. Ce serait alors dommage pour cette belle génération de rater le rendez-vous de 2008. Qu'Allah protège les Béninois à Freetown et à … Lomé!

lundi 4 juin 2007

Le nul incommodant des Ecureuils

Match nul. Chétive consolation pour le public sportif qui espérait un remake du parcours glorieux des "Ecureuils de la CAN 2004". Le calibre de l'adversaire, qu'il s'appelle les Aigles du Mali ou tout autre rapace, on s'en fout ! Pour que l'inconfort ne se substitue pas à l'amertume dans deux semaines face aux Eperviers du Togo, seule comptait dimanche dernier la victoire.

Passée l'étape de l'apprentissage (2002-2005) qui a succédé à la préhistoire du football béninois (1960-2001), il faudra dès maintenant arrêter avec l'angélisme grotesque qui consiste à 'positiver' les défaites ou à faire contre mauvaise fortune bon cœur. La petite forme dimanche du onze national a mis en exergue un début d'asthénie du football béninois. Il s'y ajoute l'état piteux de la pelouse du stade de l'Amitié, facteur des rebonds, des imprécisions et de toutes les maladresses. Impossible dans ces conditions de vivre un match plein malgré la qualités individuelles des athlètes et l'enthousiasme débordant du public.

Du coup les statistiques sont accablantes pour les Ecureuils, 5 occasions et 1 maigre tir cadré (le coup franc d'Omar Tchomogo en dernière période). Des données qui contrastent de façon ostentatoire avec les repères de l'adversaire, 7 occasions et 5 tirs cadrés. Comme un signe indien, l'insuccès malien révélé depuis quelques années s'est avéré à nouveau à Cotonou. Il explique toute la veine des Ecureuils au match aller comme au retour. Déterminant subsidiaire dans une compétition sportive, la baraka est ce qui a manqué le plus à la remuante équipe malienne.

A contrario, "les Jaunes", à l'exception du fringant Jocelyn Ahoueya, infatigable dans ce travail ingrat de la récupération, ont fait preuve d'une passivité extraordinaire, ne parvenant jamais à élever le rythme de cette rencontre. Et pourtant, le onze de départ ne souffre d'aucune contestation.

Le duo Maiga-Omotoyossi forme déjà un vieux couple depuis la CAN junior. Mais par manque d'altruisme et une mauvaise anticipation dans les appels de balle, ce duo demeure le moins prolifique de l'histoire des matches des Ecureuils.
Rare cadre avec Rachad Chitou dans l'effectif, Omar Tchomogo avec toute son expérience a suffoqué le jeu offensif et Stéphane Sessegnon, en dehors de quelques éclairs, n'a pas su élimer la défense malienne. Résultat des courses pour ces deux créateurs, l'animation offensive a manqué de jus.

Du coup s'est dévoilé au grand jour, le travail ingrat abattu en milieu de terrain par Jocelyn Ahoueya et Seidath Tchomogo pour contenir l'adversaire disposant d'un milieu très fourni avec Keita et Diarra. Inusables, les deux milieux béninois, toujours sur la brèche, ont déployé une intense énergie qui a voilé la prestation terne et approximative de leurs coéquipiers.

Derrière, le bloc défensif a ainsi profité de cet engagement dans la récupération pour ne pas apparaître comme souffre-douleur en face du géant Kanouté, très malheureux ce soir là. Et la prestation en dents de scie de Rachad Chitou, tantôt merveilleux quand il sauve la cage béninoise d'une parade utilitaire, et tantôt ubuesque quand il s'emberlificote dans une relance devant l'adversaire, a révélé un manque évident de concentration chez les Ecureuils à l'entame de ce match. Les simulations grotesques, en début de partie, de Razack Omotoyossi à la recherche de penalties imaginaires a mis au grand jour la facilité périlleuse avec laquelle les poulains de Wabi Gomez ont abordé le match face au Mali .

Les Ecureuils n'ont pas pris très tôt la mesure de l'enjeu comme c'est souvent le cas quand l'euphorie devance la réalité. Pour mémoire, en septembre 2003 face à Madagascar, à défaut de pression et devant les lauriers dressés à la suite du résultat flatteur à l'aller (1-1); les Ecureuils menés 2-0 en première mi-temps n'ont dû leur salut à Cotonou que par la complaisance de l'arbitre nigérian qui a accordé deux généreux penalties au Béninois pour gagner le ticket pour la suite.

Ces Ecureuils-là ne se déterminent que sous pression. Tenez ! En 2002, dégonflés (0-3) à Khartoum après le nul flatteur (1-1) de Lusaka, les Béninois se sont repris à Cotonou (3-0). En 2005, à la Can junior, après la casse nigériane, les Ecureuillons se sont bien repris face à la Côte d'Ivoire. En 2006, après la défaite à Lomé (1-2), ils ont dompté Sierra Léone (2-0) à Cotonou et réalisé l'exploit (0-0) à Bamako.

Cajolés, les Ecureuils se déconcentrent vite. Pour venir à bout du Togo dans moins de deux semaines, il faut crier haro sur le baudet. C'est la seule voie de salut devant les maigres chances qu'il reste pour accrocher une bonne seconde place du groupe 9, synonyme de qualification.