jeudi 9 octobre 2008

Boni Yayi, régionaliste ?

La tendance actuelle des déçus du Changement à vouloir régionaliser le débat politique est surprenante voire inquiétante. Pourtant qu’on l’aime ou pas, les événements de tous les jours relatifs à la vie publique et privée de Boni Yayi, devraient à eux seuls suffire à arrêter des médisances.

Grosse a été ma frayeur de voir le secrétaire général du gouvernement, Victor Topanou faire étalage des chiffres et des noms pour contredire les pourfendeurs du régime qui accusent Boni Yayi de "régionalisme". La ficelle de l’ethnicisme n’est pas un roseau avec lequel devraient jouer les Béninois à l’étape actuelle de notre démocratie. Il y a beaucoup d’autres arguments qui suffisent à eux seuls pour s’opposer à la politique gouvernementale comme la cherté de la vie, l’appauvrissement des populations, l’enrichissement illicite, la fin prononcée de la laicité, la non consolidation de l’Etat de droit, le retour du parti-Etat, le mauvais fonctionnement des institutions de la République, la violation des libertés fondamentales, toute chose en contradiction avec les promesses du candidat élu.

Car l’argument du régionalisme servi pour contrer Boni Yayi apparaît surréaliste d'autant que le film de la journée du président de la République se joue au milieu des personnages n'ayant aucun rapport avec sa région natale. On peut citer, en privé, Chantal, son épouse originaire de Ouidah, à plus de 300 kilomètres de Tchaourou. Doit-on rappeler que son ex-épouse est native de Porto Novo. Du coup, la progéniture du président est à cheval sur les deux principales régions du pays.

Dans la vie publique, les plus grands thuriféraires du changement ne proviennent pas de la même région que le Chef de l’Etat. Les patrons des FCBE, les membres du cabinet civil du président de la République, les éminents membres du gouvernement (Koupaki, Lawani, Okanla, Hessou, Dovonou, Boco, Gbégnonvi, etc) soit 15/24 proviennent de la région culturellement éloignée de Boni Yayi. Il s’y ajoute que les institutions de contre pouvoir sont chapeautées avec la bénédiction du président de la république par des personnages certes dévoués à lui mais non ressortissants de sa région. Les deux îlots jaloux de l’indépendance de leurs organes restent encore la Cour Suprême et la HAAC paradoxalement dirigés par des personnalités de la région de Boni Yayi.

Sur le plan politique, les premiers à subir les foudres de Boni Yayi sont encore ceux de sa région qui ont résisté à ses appels. D'abord, le maire Rachidi Gbadamassi accablé de partout, puis le député Issa Salifou dont la levée de l’immunité parlementaire fut exigée, ensuite Antoine Dayori a failli passer à la trappe.

Passons les postes de hauts fonctionnaires, notamment les directeurs généraux des sociétés poumons de l’économie, le Port et la Sobemap et les Télécoms sont administrés dès le départ par des responsables lointains de la région présidentielle. Même remarque que pour la Douane. Reste les sociétés moribondes comme la SONAPRA en chute libre, le CNCB peinant à se relancer, la LNB sans éclat, la Poste budgétivore, l’ORTB goulot d’étranglement, etc qui reviennent comme prébendes à des natifs de la région du Chef de l’Etat.

Quand aux postes internationaux, il est loisible de préciser qu’aucun ressortissant de cette région n’a encore obtenu un coup de pouce du Chef de l’Etat pendant que les premiers à en bénéficier, Adjanohoun, Zinzindohoué, Gnacadja, etc, ainsi que toute la clique d’ambassadeurs promus ces derniers temps n’ont rien à voir avec la culture de la région présidentielle.

Alors, comment devant un tel tableau à faire rougir des extrémistes natifs de sa région, peut-on croire que le Chef de l’Etat ne promeut que les siens. Cette vision surréaliste du fonctionnement du pays ne conforte pas l’unité nationale. D’autant que d’une région à une autre, « l’intrus » compte des partisans et des adversaires politiques. Même si dans sa région, l’adversité est réduite à la portion congrue, il faut tout de même admettre qu’elle existe et qu’elle est politiquement et intellectuellement animée par des personnages qui se refusent de faire de l’ethnie ou de la région un fond électoral.

Ganiou Soglo se ridiculise

Comment l’actuel ministre des Sports a-t-il pu manquer de discernement lorsqu’il s’agit de faire la part entre la politique et le sport de haut niveau ? Le projet visant à baptiser l’équipe nationale « Panthères de l’émergence », venant d’un ancien responsable de club de football dont le passage à la tête des « Requins de l’Atlantique » a pourtant contribué à la valeur ajoutée actuelle du football béninois, apparaît à tous égards grotesque.

« Panthères de l’émergence » ou « Panthères émergent », rien de plus rébarbatif que ce groupe de mots qui ne répond à rien dans la sémantique des langues française ou béninoises. L’omniscient Roger Gbégnonvi en charge de la promotion de nos langues pourrait encore témoigner. En proposant unilatéralement de débaptiser les Ecureuils, Ganiou Soglo relance un vulgaire débat pourtant clos depuis lors, avec la première qualification de l’équipe nationale à la Coupe d’Afrique des Nations en 2004 suivie un an plus tard d’une autre à la Coupe du monde junior.

Alors que l’on devrait s’attendre à ce que les caquets soient définitivement rabattus par la deuxième qualification des Ecureuils à la CAN 2008 et cette spectaculaire performance lors des qualifications pour le deuxième tour de la Coupe du monde 2010, coiffant magistralement les Panthères noires d’Angola (la précision est utile), voilà le premier dirigeant du sport national lancer une proposition aussi oiseuse que bouffonne.

Pour mémoire, en 2001, dans la foulée de l’élection de Martin Adjagodo à la tête de la Fédération béninoise de football, bien de responsables sportifs et politiques voire même des intellectuels avaient pensé que les performances de l’équipe nationale étaient limitées par leur mascotte, appelant à cor et à cri à un nom de fauves ou de prédateurs. La Fédération, elle-même s’était abstenue d’écrire le nom « Ecureuils » sur le bus réservé au transport de l’équipe préférant « Onze national ».

Un comportement anecdotique proche de la superstition et du totémisme à l’heure du rationalisme auquel le sport en général et le football en particulier n’échappe. On sait aujourd’hui que les performances en sport sont tributaires, et des talents individuels, et du travail collectif. Doit-on rappeler la célèbre maxime, « un seul être vous manque et vous êtes dépeuplé » pour préciser qu’à cette époque le team national ne comptait pas un joueur providentiel de la trempe d’un George Weah pour le Liberia (Can 1996) ou de Chevchenko pour l’Ukraine (Coupe du monde 2006). De même qu’ « une addition de vedettes ne fait pas une équipe » comme l’a si bien prouvé la Grèce à l’Euro 2004. Au début des années 2000, le Bénin ne se situait dans aucun des deux registres : pas de star et pas d’équipe.

Aujourd’hui que les résultats sont au rendez-vous par la grâce d’un travail assidu, le meilleur pour un responsable sportif serait d’annoncer des mesures visant à consolider les acquis plutôt que d’avancer des propositions qui pourraient nuire à l’éclat des performances actuelles. On s’imagine bien que ceux qui défendent les couleurs de l’équipe nationale (les joueurs) ne se comportent pas en poules mouillées sur le terrain parce qu’ils portent le nom "Ecureuils". Les performances à Yaoundé en 2005 face au Cameroun (1-2) pourtant sacré Lions indomptables rappellent encore l’héroïsme de nos porte-flambeaux.

De plus, si c’est le mot « Ecureuils » qui symboliserait un petit animal pusillanime et pas du tout agressif qui motive cette sortie burlesque du ministre des Sports, autant commencer par la révision du nom du pays. En effet, le mot « Bénin » selon le dictionnaire le Robert signifie « bienveillant, indulgent » autrement qui manque d’agressivité. Si l’on veut bien s’adonner à la philologie, le choix donc du nom « Ecureuils du Bénin » apparaît plus pertinent que « Panthères de l’émergence » qui n’a aucune consistance sémantique ou explication contextuelle (le Matinal du 09 octobre 2008).

Plutôt que de lancer une idée saugrenue, qui, dans l’imminence d’un remaniement ministériel, vise davantage à plaire au chef de l’Etat, chantre de l’émergence et au parti présidentiel « Force cauris pour un Bénin émergent », mieux que quiconque, Ganiou Soglo, fils de l’ancien président Nicéphore Soglo, devrait se raviser. Car, « les hommes passent mais les institutions demeurent ». Les « Ecureuils du Bénin » participent de cette pérennité des institutions.

lundi 15 septembre 2008

Ecureuils : Plus besoin de béquilles

Plus qu’un truisme, proclamer que les Ecureuils sont à présent en confiance nous fait agréablement oublier les débuts poussifs du team national dans les compétitions continentales. En s’extirpant aussi facilement que les Camerounais et les Nigerians de sa poule devant les golden boys angolais, mondialistes et quarts finalistes de la dernière Coupe d’Afrique des Nations, les Béninois viennent de passer un nouveau cap. Passées les années de jongleries, place à présent au mérite.

Le rongeur a passé avec brio l’âge de la maturité. Le temps des frayeurs et des atermoiements est ainsi révolu. Avec 4 victoires d’affilées en 5 matches (3 à domicile et 2 à l’extérieur), les Ecureuils passent avant terme le premier tour du tournoi qualificatif de la CAN et de la Coupe du monde. On peut avoir observé plein de déchets dans le jeu de l’équipe, mais on ne peut remettre en cause cette sublime performance.

D’abord, le nombre de buts (11 au total) marqués par les Jaunes est impressionnant. Avec une moyenne de plus de 2 buts par match, on conclut aisément que la ligne offensive de l’équipe est son principal atout. En réussissant à capitaliser leur rendement, les attaquants (Omotoyossi surtout qui a maintenant son complice, Michael Potté) et la kyrielle de milieux offensifs (Sessegnon, Ogoubiyi, Kobenan, Oladipupo, etc) montrent bien que l’âme de cette équipe résident dans les positions avancées.

En revanche avec 6 buts encaissés en 5 matches, les lignes arrière représentent le talon d’Achille de la formation béninoise. Si l’axe centrale de la défense rassure au fil des matches avec la présence de l’étoile montante (Adenon) aux côtés du routier (Chrisostome) et que les récupérateurs (Ahoueya, Olou ou Tchomogo S.) plus laborieux qu’incisifs se bonifient, il est maintenant classique que les latéraux (Adjamonsi ou Bocco) devraient faire valoir davantage de créativité dans le besoin du surnombre en attaque ou dans le contrôle de leurs couloirs. Passons les cas Agnidé ou Koukou Djima qui constituent des pis-aller pour le côté droit, ou encore Djidonou qui couve encore sous l’étoffe du gardien de niveau international.

De fait, si Djidonou semble ravir le titre de n°1 (faute sans doute de meilleur), il est encore bien possible de refaire des aménagements en transformant un défenseur ou milieu récupérateur en latéral droit pour suppléer les défaillances de ce côté. Car, après Gaspoz, parti pour une retraite bien méritée, pourquoi assister au déluge sur ce flanc. Reconvertir un Oscar Olou en latéral droit semble la solution la plus utile pour sécuriser toutes les lignes des Ecureuils. Dorénavant les polyvalents Tchomogo S. et Bocco pourraient ainsi en fonction du choix défensif ou offensif de l’entraîneur être titularisé.

Maintenant que cette équipe peut gagner même sans Sessegnon et Ogoubiyi, (deux créateurs dont on ne peut se passer sans grincer des dents), il est intéressant de noter que le plus important à présent sera de développer une lisibilité dans le système tactique et surtout rechercher rythme et fluidité dans la construction du jeu en mouvement. Il s’agit de se rassurer avec une nouvelle cadence qui permettra aux avant-centres de maintenir cette efficacité et aux défenseurs de réduire les frayeurs quand l’équipe est appelée à subir.

Pour autant, avec un tel potentiel, plus besoin de jouer au rongeur craintif ou à la proie facile qui autrefois espérait des coups de pouce d’un bienfaiteur nommé arbitre ou gbass (gri-gri). Afin que nul n’en ignore, cette équipe qui a pris forme a besoin d’un petit souffle pour produire encore plus du beau jeu. Il suffira alors de faire rouler avec art le ballon et hypnotiser l’adversaire et le public. Aujourd’hui que l’équipe n’a plus besoin de béquilles pour gagner, place au football total.

jeudi 11 septembre 2008

JO : Le tour du cadran des athlètes béninois

Revenus bredouilles de Beijing, les athlètes béninois n’ont plus qu’à traverser la frontière pour admirer la première médaille olympique des voisins togolais. En sport de haut niveau, Lomé, avec sa profusion de talents (déjà un Special one nommé Sheyi Adebayor et aujourd’hui un Bronze olympique, Benjamin Bokpeti), devient ainsi le miroir. A Cotonou où c’est sans doute reparti pour quatre ans de somme, athlètes et officiels se repaissent sans gêne, après avoir farnienté en Chine.

Personne n’a demandé à la délégation béninoise de ramener une médaille ou encore plus de faire vibrer L’Aube nouvelle dans le Nid d’Oiseau de Pékin. Beijing, c’était juste pour les athlètes et les officiels, des vacances d’été. Une réelle occasion en quelque sorte pour admirer l’architecture chinoise, contempler les astres de la technologie asiatique, se prendre en photos avec des Pékinoises ou Pékinois, sourire aux charmantes hôtesses du comité d'organisation, scruter -badge au cou et sacoche en bandoulière- l’antre du Stade olympique, s’empiffrer de la cuisine chinoise et enfin rêver d’une demande d’asile. Quant aux Olympiades, la litanie est bien connue : « c’est le rendez vous des athlètes des grandes puissances ». Mais alors pourquoi aller à ce banquet quand on n’est pas capable d’approcher la marmite ?

Comme beaucoup de téléspectateurs, j’ai décidé de ne suivre les compétitions qu’à partir des quarts de finales pour voir la crème en attendant la crème de la crème. Je comptais au moins y trouver des compatriotes, mais j’ai cherché en vain les trois initiales BEN. J’ai aussitôt réalisé qu’il faille fouiller dans la nuée de cancres, abandonnée dès les premières séries. Réticent à admettre la dure réalité, j’ai espéré que l'infographe des JO va certainement éloigner cette présomption en m’affichant le drapeau national. Que nenni ! Je persiste pourtant à croire en une omission puis je me jette sur mon lap top, navigant à travers les moteurs de recherche. Là encore, échec et mat ! Aucun site visité ne signale la qualification d’un athlète béninois au-delà des séries. Tout ouïe, j’attends malgré tout les bulletins JO de RFI, encore rien. Enfin, oui…

Le lendemain de la clôture des JO, « la radio mondiale » diffuse une émission bilan des Africains aux JO. Interviewé un athlète béninois fait fi de ses performances et se lâche : « moi je n’ai même plus envie de rentrer au pays ». Sauf que la Chine, hôte des JO n’est pas encore en proie à l’immigration clandestine. Dans quatre ans à Londres, il faut s’attendre surement à ce que certains de nos athlètes se carapatent du Village olympique.

Alors, question ! Devrions-nous continuer à suivre la règle du nombre érigée par la formule fabuleuse de Pierre de Coubertin, « l’essentiel, c’est de participer », au point de nous comporter à chaque rendez-vous comme les cancres du monde ? Faudrait-il pas procéder par élimination au niveau national des disciplines infructueuses aux JO plutôt que de tordre le cou aux minimas et de gonfler la présence de nos athlètes et par delà justifier la pléthore des officiels qui les accompagnent ?

De ma modeste position, il me parait plus ingénieux d’abandonner les disciplines comme la vitesse, les courses de fond, les sports collectifs et les sports extrêmes et miser notre participation sur la boxe, les arts martiaux, la lutte olympique, autant de disciplines qui à force de travail et de vision sont susceptibles de rapporter une médaille olympique au Bénin. Ne serait ce que de bronze comme celle du voisin togolais !

vendredi 29 août 2008

Boni Yayi renie sa promesse

En flirtant publiquement avec Issa Salifou, Rachidi Gbadamassi puis Séfou Fagbohoun, naguère qualifiés par les Caurisants de « fossoyeurs de l’économie », Boni Yayi, élu sur le thème du « changement et de la lutte contre la corruption » vient de renier sa principale promesse. Deux ans après son investiture, le président a mangé sa cravache. Passé le bluff, voici venu le temps de la compromission au sommet de l’Etat.

La photo illustrait vendredi la manchette d’un des quotidiens le plus engagés au côté du pouvoir actuel. Boni Yayi tout sourire, costume sombre sur chemise blanche assortie d’une cravate rouge donnant la main de la reconquête à Ladji Séfou, un tantinet hagard, vêtu d’un atchoké bleu ciel. On croit rêver ! Superposée à l’image de la coupure du ruban, lors de la pose de la première pierre de l’échangeur de Godomey, avec les députés Issa Salifou et Rachidi Gbadamassi, on attrape le torticolis.

C’est que le premier, Sefou Fagbohoun, homme d’affaire arrêté et incarcéré à la prison civile de Cotonou dans le cadre de l’affaire de la cession de la SONACOP à la CPI, a obtenu, selon les médias locaux, une « libération définitive en attendant le jugement du tribunal de Cotonou sur le fonds ».

Le second, Issa Salifou, opérateur économique cité dans plusieurs rapports de commission diligentée par le chef de l’Etat au nom de la lutte contre la corruption pour lesquels Boni Yayi a réclamé en vain la levée de son immunité parlementaire, a échappé de nouveau à toute poursuite judiciaire en vertu de sa réélection en 2007.

Le troisième Rachidi Gbadamassi, dont l’image maculée du cambouis de sa mise en dépôt dans une vilaine affaire d’assassinat d’un juge à Parakou, a brillamment réussi à prouver son innocence au grand dam des Yayistes décidés à lui faire payer le prix de son indocilité à la veille de la présidentielle.

Et pourtant, Boni Yayi avait clamé pendant la campagne électorale sa volonté de nettoyer les écuries. Le slogan de campagne : « ça peut changer, ça va changer, ça doit changer » se décline aisément en « ça peut continuer, ça va continuer, ça doit continuer ».

L’imposture du « changement » aujourd’hui démasquée par la volonté du chef de l’Etat d’appliquer l’adage « on prend les mêmes et on recommence » démontre bien que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » pour rappeler la célèbre boutade d’un leader béninois encore influent dans la sphère politique.

Que de reniements depuis avril 2006 ! Ceux qui s’attendaient à une croissance à 6% comme promis dans le programme du candidat ont vu décliner le dynamisme économique du pays et le panier de la ménagère se réduire drastiquement. Alors que dans la plupart des pays africains, des leviers portant sur des augmentations de salaires ont été adoptés pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat et la hausse des prix des denrées alimentaires, au Bénin, les indicateurs macroéconomiques plaident contre cette option accentuant ainsi la misère.

Le renforcement de l’Etat de droit s’est décéléré avec la perte de crédibilité de certaines institutions de la République. Seule la Cour suprême échappe encore aux velléités de caporalisation du pouvoir par le parti-Etat qu’est devenue la FCBE.

Et pourtant, le président avait promis qu’il sera « le président de toutes les Béninoises et de tous les Béninois ». Ce qui supposait une réelle volonté de « rester au dessus de la mêlée » et de « jouer pleinement son rôle de père de la nation » conscient que son élection n’était le fruit d’aucun parti politique et que les 35% obtenu au premier tour, regroupent d’anciens militants de partis traditionnels et de citoyens dits indépendants.

Enfin, on peut aisément au vu de l’évolution de l’actualité politique conclure à la fin de la lutte contre la corruption et à un retour aux fondamentaux de la « politique de poubelles » avec son cortège de compromissions.

Finie donc, l’ère des technocrates, « des hommes nouveaux, compétents et intègres » comme le voulait Boni Yayi à sa prise de fonction. Finie aussi, le temps où la société civile était un complice régulateur des choix politiques au niveau de l’Exécutif. Il est de plus en plus évident que le prochain gouvernement sera très politique. Il renforcera sans doute le fossé qui se creuse actuellement entre le président et son peuple.

dimanche 3 août 2008

Robert DOSSOU : Les Liaisons dangereuses

Elu sans coup férir président de la Cour Constitutionnelle, « Bob » comme l’appellent ses anciens camarades de la légendaire Fédération des Etudiants d’Afrique Noire Francophone (FEANF) a du mal à chasser le naturel. Son militantisme séculaire revient au galop et l’on se demande comment le sage Dossou parviendra t-il à éclipser le partisan Robert.
On peut incarner un bon président de la Cour Constitutionnelle et entrer plus tard au panthéon de cette juridiction avec un profil inégalable d’ancien bâtonnier, défenseur des martyrs de l’agression du 16 janvier 1977, d’ancien patron du Décanat de la Faculté des Droits de l’Université Nationale du Bénin, d’ancien député et président de la Commission des lois de l’emblématique première législature du Renouveau démocratique, d’ancien ministre de deux régimes politiques contradictoires voire d’ancien candidat malheureux à la Magistrature suprême.
Mais, même avec un curriculum vitae aussi épais, on peut – sans s’en rendre compte - passer à côté de son mandat de « premier sage ». Il suffit pour cela de ne pas renier le passé récent et les connivences qui vous poussent à afficher au grand jour un soutien au candidat futur vainqueur de l’élection présidentielle, d’être en plus sous les feux de la rampe pendant les campagnes électorales des législatives et puis des communales, de bénéficier d’une procédure bancale de nomination à la Haute Juridiction, de prêter serment devant un lambeau de bureau du Parlement, de rassurer l’opinion publique qu’on accomplira sa fonction « en toute probité et en toute indépendance » pour enfin démarrer par un flop.
A tous égards, était-il opportun pour le sage Dossou fraîchement désigné pour siéger à la Cour Constitutionnelle en dépit des récriminations de l’opposition sur la procédure de nomination des nouveaux membres de cette juridiction, de s’investir dans une campagne électorale locale aux côtés des Forces Cauris pour un Bénin Emergent ? Y a-t-il une explication rationnelle à s’aliéner la confiance des citoyens en rendant une décision de droit aussi controversée sur le blocage des activités parlementaires, le soir d’une audience accordée au partisan Robert à la Marina ?
Pour autant, ceux qui s’attendaient à un effet de catharsis chez l’actuel président de la Cour Constitutionnelle ont tout faux. Car « Bob » a passé l’âge de la déloyauté. Pour lui, s’accommoder de « l’intrus » est naturellement le chemin de la vertu. S’en délier apparaît à ses yeux comme une fourberie, une traitrise.
Mais le danger d’une telle allégeance, c’est que le pacte politique qui pourrait exister entre les deux têtes de l’exécutif et du juridictionnel prend en otage le citoyen lambda, le contribuable. « Car enfin s’il fallait donner une preuve de l’utilité et de la grandeur de ces institutions, il faudrait bien dire que c’est l’Etat qui les subventionne », pour citer le personnage de Meursault dans l’Etranger d’Albert Camus.

mercredi 9 juillet 2008

« L’intrus » ignorait-il la maison ?

Attendu comme le « messie », le docteur-président est sous le coup d’un effet boomerang. Face à une opposition politique ringarde et agonisante sous Mathieu Kérékou, Boni Yayi a réussi à en raviver les flammes. Tout se passe comme si l’inspirateur du changement ignorait la maison.

L’enthousiasme populaire qui a porté Boni Yayi à la Marina en 2006, s’étiole et l’unanimisme qui a habité la classe politique et la presse locale aux lendemains de sa prise de pouvoir, s’érode. Le président n’est plus majoritaire. Tout au moins à l’Assemblée nationale. La grogne sociale se profile, l’insécurité règne en maître et le délestage a fini par étouffer la propagande gouvernementale. Du coup, le pouvoir se retrouve groggy face à des opposants ragaillardis et dopés par leur dernière percée électorale. La faute à qui ? A « la maison » ou à « l’intrus » ?

L’état des lieux de « la maison » est pourtant sans équivoque. Le plan de la concession, dont la fondation politique repose sur quatre poutres d’électeurs répartis sur les différents points cardinaux du pays, n’admet pas de vie en vase clos. On n’y accède par le vestibule, où siège « la vieille classe politique » avant de se diriger, via des couloirs de concertations, vers les logis des différents partis politiques. Au faîte de cette habitation, trône le sceptre de la « laïcité ». Ce n’est pourtant pas une habitation d’agnostiques, c’est seulement que les dévotions sont admises dans le respect des diverses croyances des habitants sans que celles-ci ne concourent à façonner l’idéologie des politiques. La vie dans cette demeure se résume en une redondance salutaire: démocratie, démocratie, démocratie.

Vous avez dit démocratie ! Voilà le maître-mot qui a bénéficié à « l’intrus ». C’est au nom de la démocratie et de la liberté de concourir que « l’intrus » s’est invité dans le jeu politique. C’est au nom de la démocratie et de la liberté de choisir, que « l’intrus » a réussi à aspirer la moelle des partis traditionnels actifs dans le Septentrion pour en faire des coquilles vides. C’est au nom de la démocratie et de la liberté d’expression et d’opinion que « l’intrus » a gagné la sympathie des promoteurs de presse. C’est au nom de la liberté de s’associer que « l’intrus » a actionné et multiplié les mouvements de soutiens à sa candidature et poursuivi sa campagne de débauchage des militants. C’est au nom de la démocratie et de la liberté de pensée que « l’intrus » a ravi à la Société civile, ses thèmes de prédilection pour en faire des thèmes de campagnes. C’est enfin au nom de la démocratie et du suffrage universel que « l’intrus » a remporté le suffrage universel.

Mais, « l’intrus » connaissait-il réellement « la maison » ? En paraphrasant le titre de l’ouvrage du journaliste Edouard Loko qui « aurait pu être écrit par Charles ou Tibo », les grincements de dents tant au niveau de certains des « onze » premiers soutiens de Boni Yayi que des « ouvriers de la dernière heure » montrent les limites de l’intrusion en politique. Alors que l’actualité politique foisonne de l’éventualité de la destitution du président de l’Assemblée nationale, de convulsives manifestations dans les communes sans autorités, des trahisons au sein de l’alliance FCBE, la presse fait état de l’imminence de la formation d’un gouvernement d’union nationale comme pour avaliser l’idée que le pays est en crise.

Non ! Le Bénin n’est pas en crise. Le gouvernement gouverne et l’opposition s’oppose. C’est le jeu démocratique. En 2011, il y aura une élection présidentielle. Le vainqueur proviendra de l’un des deux camps. En cas d’entrée dans un gouvernement d’union nationale tel qu’envisagé, l’opposition court le risque de galvauder sa montée en puissance. Quant au chef de l’Etat, il n’a aucun intérêt à composer avec une classe politique qui ne partage pas sa méthode de gouvernance. Indubitablement, les forces en présence s’équilibrent et c’est tant mieux pour la démocratie si aucune dialyse n’intervient à la phase actuelle.
Dans moins de trois ans, chaque partie aura à conforter son image. Car, avec un peuple amnésique comme celui du Bénin, on peut réussir tous les coups en politique. Amnésique, il peut s’identifier rapidement et de façon béante et bêlante à un « leader », ou « messie », ou « intrus ». Revanchard, ce peuple l’est aussi et peut à tout moment prononcer l’amère sentence : « un tiens vaut mieux que deux tu ne l’auras pas ».

dimanche 25 mai 2008

Le G13 à la recherche d'un leader

Auréolé de ses succès électoraux dans diverses communes du Bénin profond, le G13 a l'obligation politique de se structurer très tôt derrière un leader capable de porter un projet de société et de gouvernement avant l'échéance cruciale de 2011. Autrement le pot de fer issu du scrutin municipal, communal et local risque de se muer en pot de terre, au grand dam de l'avenir politique des associés de cette formation.

L'adage selon lequel "il faut un capitaine dans un bateau" colle bien à cette nouvelle barque politique appelée G13. Cette formation qui évolue comme un mille pattes, - Dayori dans le nord ouest, Issa Salifou dans le nord–est, Gnigla dans le littoral du Sud-ouest, Ficarra dans la vallée du sud ouest, Agoua au Centre, Domingo au Sud-est, etc..-, a besoin d'une tête forte pour orienter ces pas de géant. Car, la friabilité des regroupements politiques au Bénin si souvent liée aux mirages du gâteau gouvernemental porte aussi un nom : l'absence de leadership.

Si le G13 semble bien s'enorgueillir de la coupole d'anciens ministres, d'hommes d'affaires et d'anciens directeurs de sociétés publiques, la tentation de goûter une nouvelle fois dans l'immédiat aux privilèges du pouvoir n'est pas à exclure. Depuis l'avènement du renouveau démocratique, nombreuses sont les alliances de partis politiques qui ont volé en éclats après la formation d'un gouvernement. Normal, dira-t-on d'autant qu'après les élections, chacun des partis espère voler de ses propres ailes.

Cependant, l'histoire politique depuis 1991 démontre aisément que les partis structurés autour d'un leader sont les seuls à conserver une identité propre. Le PRD avec Adrien Houngbédji, la RB avec Nicéphore Soglo, le PSD avec Bruno Amoussou, le Madep avec Sefou Fagbohoun, et plus récemment encore Force clé avec Lazare Sehoueto. Par contre des partis évoluant dans des alliances de pétaudière, sans possibilité de leader à long terme, comme le RAP, le G17, l'UBF et plus proche l'IPD et le FARD Alafia ont fondu comme des glaces au soleil. Ainsi, bien que né avec des dents et comptant en son sein un ancien candidat à l'élection présidentielle, le G13 a besoin d'un grand souffle pour survivre aux soubresauts politiques.

La dimension présidentiable d'Antoine Dayori suffit-elle pour aiguiser son leadership au G13 ? Le sang froid de Venance Gnigla est-il un atout maître ? La dimension financière de Issa Salifou, Edmond Agoua ou Cyriaque Domingo assure à chacun d'eux le titre de commandeur ? Ou plutôt doit-on miser sur l'ardente résistance politique de Sacca Ficara pour lui confier le sceptre du G13 ? Autant de questions qui dans l'immédiat des réponses font plomber la question du leadership.

Une chose est certaine en restant entre les quatre murs de leur alliance politique, les éclaireurs du G13 risquent un suicide politique tant la stratégie très centriste du "ni mouvance ni opposition" risque à terme de lasser les militants et sympathisants. A moins de se trouver un leader extérieur qui transcende les différentes forces et faiblesses du groupe et qui incarne à bien des égards l'unité nationale et la compétence sans pour autant porter les stigmates d'un boulanger prêt à rouler ses soutiens politiques dans la farine.
Ce leader existe bel et bien. Et il faudra, en le trouvant, s'identifier très vite à lui dans la perspective de constituer un groupe victorieux à l'élection présidentielle de 2011. Encore faudra-t-il que les prétendants à ce leadership expriment le besoin d'incarner le G13. De surcroît, bien intelligent sera celui qui aura tendu la première main en direction de ce vivier électoral !

samedi 3 mai 2008

Au delà de la démission de Fabisch

La glose consistant à justifier par une erreur de casting le départ de l'excentrique technicien allemand apparaît superficielle. Le chapelet des démissions s'égrène inexorablement. En moins de six ans, huit sélectionneurs des Ecureuils ont jeté l'éponge. Une récurrence qui oblige à fouiller dans les décombres. Comme le confiait en novembre 2003, l'ancien capitaine de l'équipe nationale, Jean Marc Adjovi Bocco, qui a depuis ses mésaventures en 1997 choisi le Sénégal comme sa seconde patrie après la France, "Les Ecureuils à la CAN, c'est l'arbre qui cache la forêt".

Comment taire, en effet, la médiocrité ambiante sur les pelouses et dans les arcanes décisionnelles pour justifier par des tirades oiseuses les fugues des techniciens étrangers engagés à prix d'euros. S'ils ont tous jeté l'éponge à un moment crucial de leur séjour, c'est moins en raison de leur incompétence à insuffler un nouveau souffle au football béninois qu'à leurs difficultés à travailler dans un environnement hostile au progrès et à la modernisation.

Taelman, Atturquayefio, Simondi, Neveu, Révelli, Dévèze, Edmé, Fabisch ! Huit (8) entraîneurs de haut niveau passés à la trappe des intrigues, de l'amateurisme, de l'ignorance et de la gloutonnerie des dirigeants. Au Bénin, la durée moyenne d'un sélectionneur est de seize (16) mois. Trop peu et trop court pour doter l'équipe nationale d'une bonne crème.

L'affairisme des dirigeants de la Fédération béninoise de football et la myopie affichée par les différents ministres des Sports ont fini par ôter à ces missionnaires du ballon rond tout enthousiasme de travailler dans le pays. La nébuleuse imbrication des sélectionneurs tire sa source dans la gourmandise (argent s'entend) de nos dirigeants.

René Taelman, débarqué d'une galerie de la presse sportive belge puis horriblement lâché par son mentor Moucharaf Anjorin, a plié bagages à Khartoum, loin de son lieu de travail. Entre temps, il a servi de marionnette pour la Fédération qui voulait contrer les velléités du ministère de tutelle d'imposer le Français Bernard Simondi à la tête de sélection nationale.

Une fois le consensus trouvé avec les responsables de la Fédération dans la répartition des subprimes de la participation des Ecureuils à la CAN 2004, sur le dos du contribuable béninois, c'est le ministre des Sports de l'époque qui écrit et exécute le scénario de la traque du Français. Bernard Simondi, avant de partir, a assigné l'Etat béninois en justice.

Quant au Ghanéen Cecil Jones Atturquayefio, dont le salaire aurait subi trop de coupes sombres, il a filé un matin à l'anglaise pour son pays, avec à la solde une plainte contre la Fédération béninoise de football adressée à l'instance faîtière du football, la FIFA.

Les Locaux Edmé Codjo et Wabi Gomez, deux souffre-douleurs sont régulièrement appelés pour parer les défections mais avec des salaires exécrables. "Quand on voit, au-dessus, comment les responsables et les entraîneurs étrangers se sucrent, on joue aux bouches-trous par patriotisme", confie l'un d'eux.

L'aventurier Serge Dévèze à qui l'encyclopédie libre Wikipedia ne consacre que quatre grincheuses lignes, a quitté le navire après avoir envoyé une bafouille depuis son pays natal. Bafouille dans laquelle, il expliquait en des termes voilés l'impossibilité de poursuivre sa mission.

A présent Reinhardt Fabisch, présenté comme le "sauveur" pour la phase finale de la CAN 2008 et pour une éventuelle qualification à la Coupe du monde 2010, s'est carapaté prétextant d'une maladie. Les mauvaises langues disent que le technicien allemand a été envoûté. Un départ qui loin de régler la situation installe une atmosphère de pourrissement dont seuls profitent les responsables de la Fédération et du ministère des Sports.

Bref le Bénin qui n'est pas un Etat riche, mais dont les dirigeants du football vivent comme dans un pays de Cocagne, devrait se mettre très tôt à l'école sénégalaise. Les distractions du genre "Forum national du sport" ne sont que louvoiement et tentative de noyer le poisson dans un pays dénué de professionnels de haut niveau. Pour une bonne ambiance de travail, il faudra très tôt karchériser le milieu sportif, seule condition pou ne plus paraître ridicule dans les rendez-vous internationaux.

mardi 1 avril 2008

Roger Gbégnonvi : mandarin ou griot

Professeur,

Qu'il me soit permis dans cette analyse d'adopter la démarche de Victor Klemperer, ce philologue allemand d'origine juive "protégé" par un mariage "mixte" qui a observé l'évolution du discours dans l'Allemagne nazie entre 1933 et 1945 pour mettre en exergue de manière empirique la "LTI, Lingua Tertii Imperii" ou "la Langue du Troisième Reich". Non pas que j'y trouve une similitude avec votre vie conjugale et loin de moi toute idée de transposition de l'Allemagne de cette période ubuesque de l'histoire de l'Humanité à la phase actuelle que traverse notre pays.

C'est plutôt que jeune étudiant à la Faculté des Lettres de l'université nationale du Bénin (UNB) au milieu des années 90, j'ai passé mon temps à ramer à contre courant des commentaires antipathiques en vous 'portant dans mon cœur' sans pour autant vous connaître que par l'intitulé de votre Cours de "Stylistique et Rhétorique" qui soulevait en moi fougue et exaltation.

Dois-je aujourd'hui me mordre les doigts pour ma fringale de toute publication signée Roger Gbégnonvi ? Assurément non ! Car dans ce nectar de productions intellectuelles, je continue de puiser un côté analytique intrinsèquement lié à la pureté de votre style (littéraire). Par contre j'ai haut le cœur quand je découvre d'une manière pathétique sur bien des aspects éthiques et politiques que la qualité de votre plume a mis en esclavage la pensée (l'idéologie) du mandarin que j'ai estimé.

Certes, la plume à la main, vous défendez avec mérite le Sankarisme et le Panafricanisme qui ont toujours galvanisé la majorité des jeunes du continent. La plume à la main, vous vous faîtes le chantre de la lutte contre la corruption au Bénin. La plume à la main, vous prenez parti avec vigueur pour la défense des valeurs religieuses et morales. J'éprouve du plaisir à embrasser ce côté éthique de votre combat.

Quant à l'aspect politique de votre discours, vous aviez porté à bout d'encre la "Soglophilie" et exécré la "Kérékoumania", vous aviez manifesté votre "Eyadémaphobie" à la face du voisin togolais et cloué au pilori une certaine 'monarchisation' du système qui a adoubé le fils "Faure". Mais votre obstination actuelle à diaboliser les leaders politiques locaux vous rapproche plus aisément du militantisme FCBE que de la Société civile.

Le comble, c'est que vous venez par néologisme d'inventer le parallèle du Sankarisme que vous aviez baptisé le "Yayisme". J'ignore si le "Yayisme" est une idéologie autrement tout professeur que vous êtes, vous devriez éviter de faire du sophisme autour de ce 'concept'.

Le "Yayisme", si l'on veut le théoriser, mérite une réflexion de manière lente, longue et lumineuse fondée sur des paradigmes nouveaux et un schéma politique, économique et social scientifiquement élaboré. On a reproché au Sankarisme de faire le lit du culte de la personnalité. Le "Yayisme" devrait éviter une telle erreur s'il veut subsister à l'histoire politique de notre pays.

Un chef d'Etat est fait de chair et de poisson. Comme tout humain, il est faillible, l'ériger au rang de "messie" participe d'un culte. De même, le "Yayisme" ne devrait pas signifier autant de flagorneries de votre part pour la Première Dame et pour la progéniture du Président. En effet depuis deux ans, suivant cette démarche "klemperienne", j'ai entrepris d'observer, d'étudier, et de graver dans ma mémoire vos publications sur le "Yayisme".

Ma reliure a abouti à un fatras de babils enchâssé dans l'esthétique du discours stylistique. Vous rapportez les prouesses présidentielles (un costume bien taillé pour notre presse), vous passez en revue la sollicitude de la Première Dame (le plat de résistance du doyen), vous poussez le scandale à chanter les louanges de la fille du président (l'apéritif d'un griot de Yayi). Vous avez ainsi quitté votre étiquette de mandarin pour une fonction de griot qui sied mal à un universitaire.

Aujourd'hui ministre de la République, vous avez une chance sur 8 millions de Béninois pour "changer" avec le Président ce qui "peut changer" au département de l'Alphabétisation et des Langues nationales. Autrement, cette voix de Stentor que vous aviez toujours affichée risque de devenir à la limite inaudible au sein du système. Et je crains qu'un jour le Professeur passe sous les fourches caudines.

dimanche 20 janvier 2008

Ghana – Guinée : le triomphe du talent individuel

Dans une partie à l'issue aussi incertaine que cette deuxième partie du match d'ouverture Ghana – Guinée, le collectif ne répond plus assez bien aux schémas des entraîneurs, tous deux formés à l'école française donc habitués à des stéréotypes tactiques. Et quand s'y ajoutent la chaleur et le mauvais état de la pelouse, le talent individuel devient le deus ex machina.

La lumière ghanéenne est enfin venue de Sulley Muntari. Alors que les Black Stars ont fini par concéder l'avantage et que subitement l'équipe était à la peine en cette fin de partie malgré quelques jaillissements du petit Pélé Ayew, il a fallu un joueur d'exception pour faire la différence. Il n'est sans doute pas le plus connu des joueurs ghanéens, plutôt éclipsé par l'aura de Michael Essien, Sulley Muntari à 24 ans n'en est pas moins important.

En l'absence du capitaine et talentueux Stephen Appiah, forclos pour cette CAN 2008, le milieu de terrain de Portsmouth, première division anglaise a formé avec son coéquipier en sélection Michael Essien, la paire centrale la plus exposée aux charbons des adversaires du groupe A. Contraint d'effectuer un double travail de récupération et de création, Muntari a écopé de plus de responsabilités qu'à la dernière coupe du monde 2006 dans cette formation ghanéenne orpheline de son maître à jouer.

Muntari qui a passé cinq saisons à Udinese en Italie avant de débarquer l'été dernier en Angleterre marque ainsi les esprits hésitants ou dubitatifs sur la régularité de son talent. Sa frappe superbe en fin de partie déclenchée à 35 mètres des buts guinéens qui file tout droit dans la lucarne, libérant le public du pays organisateur d'une grosse anxiété sur la suite de la compétition est un chef d'œuvre. Elle est la preuve d'une inspiration fructueuse et d'un besoin hardi d'assumer sa responsabilité au sein de l'équipe.

Par ce geste, le Ghanéen donne un avant goût des délices de meilleurs gestes de cette CAN. Mais au-delà, il confirme que cette compétition se gagnera moins dans le collectif que sur la force individuelle des équipes. Muntari lance ainsi un défi aux grands joueurs présents à cette CAN : c'est devant la difficulté à s'affranchir d'un adversaire trop accrocheur que le talent individuel fera la différence.

De fait, les prochaines rencontres font peser plus de responsabilités, sur les joueurs de ce niveau. Pour le Nigeria, Obafemmi Martins, Mikel Obi et dans une moindre mesure Yobo Joseph et Taiwo Taye sont invités à faire parler le talent. Côté Ivoirien, le poids de la victoire pèse sur les épaules de Didier Drogba, à défaut Aruna Koné, Dindane, Sanogo, kalou ou Keita sont aussi attendus. Pour le Mali, le talent de Kanouté ou de Cissoko ou Diarra devraient être au rendez-vous.

Mais Quid des Ecureuils du Bénin ! Dans le groupe B, le petit poucet n'a pas à parler d'un talent individuel. C'est dans la discipline tactique qu'elle fera douter ses adversaires. Le reste viendra après. Cette discipline tactique passe par le respect scrupuleux des consignes de Fabisch à savoir jouer et se faire plaisir. Pour une petite équipe comme le Bénin, c'est le collectif qui devra parler comme c'était le cas de la Grèce à la dernière coupe d'Europe des nations 2004.

vendredi 11 janvier 2008

Ecureuils : Jouez "décomplexés" !

Des parties de plaisir. Voilà ce que l'on attend des Ecureuils à la phase finale de la CAN 2008. Bien que le rétroviseur renvoie encore des reflets de la piètre performance du Bénin à la CAN 2004, les Ecureuils ont l'impérieux devoir de faire bégayer les pronostics. Face aux colosses de leur poule, le défi est incommensurable mais pas insurmontable. C'est de la mythologie grecque qu'il faudra s'inspirer.: les gargantuas ont un talon d'Achille. Aux Ecureuils de viser juste !

Les lendemains de la CAN ne devraient plus être des moments d'absinthe pour le public sportif béninois. Le miel de la qualification des Ecureuils devrait être conservé dans un bocal soigneusement entretenu. Inattendue qualification, précieuse qualification. En jetant un coup d'œil à la liste des 23 de Fabisch, le commentaire coule en trois mots. Rien A Commenter. Le Bénin n'est pas le Cameroun, le Nigeria ou la Côte d'Ivoire qui peuvent se permettre de laisser des joueurs de talents sur le carreau pour cause de concurrence.
Parmi les appelés, la plupart étaient déjà présents à la CAN 2004. Un retour au premier plan qui dénote de la mue ou plutôt de la maturité de nos ambassadeurs. Les Ecureuils n'ont pas l'expérience des vétérans de la CAN. Ils sont loin d'être les favoris mais ils ont la capacité de devenir des invités surprise. Le passé des rendez-vous internationaux regorgent de plusieurs exemples. Le Mali de 1994 a atteint la demi-finale en éliminant le pays organisateur, la Tunisie. Le Danemark a remporté l'Euro 92 alors qu'il n'était même pas qualifié. Le Sénégal novice a éliminé la France tenante du titre au premier tour à la Coupe du monde 2002. Et plus près la Grèce nonchalante a remporté l'Euro 2004 en sortant tous les favoris. Quel est le secret ?
Eh bien, il n'y a pas de secret. Il faut jouer décomplexés. Décomplexés sans doute un néologisme à la signification fort simple : ne pas être complexés. Le Lexilogos explique complexé par "Qui souffre de complexes, particulièrement d'un complexe d'infériorité. Maladivement, exagérément timide". Autrement dit jouer décomplexé, c'est éviter de se comporter en petit, de se présenter timide sur les pelouses d'Accra. C'est jouer comme si l'on était au même niveau que l'adversaire.
Le football est un jeu qui se joue à 11 contre 11 et au finish, c'est le plus efficace qui remporte pour paraphraser cette boutade qui colle bien aux Allemands. Mais on peut aussi perdre tout en étant fière de sa prestation parce que tout simplement l'équipe a mouillé son maillot et qu'elle a rencontré meilleur qu'elle. Voici à titre d'exemples des comportements d'équipe décomplexés. Le Rwanda à la CAN 2004 a joué décomplexé devant la Tunisie qui a remporté par 2-1. La Zambie à la CAN 2006 a joué décomplexé face à ses adversaires. Le Costa Rica à la coupe du monde 2006 a joué décomplexé face à ses adversaires notamment l'Allemagne.
Aux Ecureuils de suivre ces nombreux exemples et de se présenter sur les pelouses d'Accra sans complexe. Ils ont l'avantage que n'étant pas favoris, leur public ne leur réclame pas le trophée mais du beau jeu. S'il vous plait, les joueurs, porte-étendards n'humiliez pas notre drapeau. Oubliez Tunisie 2004 ! Jouez du beau football au Ghana ! Même en cas de défaite, nous serons debout pour saluer votre prestation.