dimanche 20 janvier 2008

Ghana – Guinée : le triomphe du talent individuel

Dans une partie à l'issue aussi incertaine que cette deuxième partie du match d'ouverture Ghana – Guinée, le collectif ne répond plus assez bien aux schémas des entraîneurs, tous deux formés à l'école française donc habitués à des stéréotypes tactiques. Et quand s'y ajoutent la chaleur et le mauvais état de la pelouse, le talent individuel devient le deus ex machina.

La lumière ghanéenne est enfin venue de Sulley Muntari. Alors que les Black Stars ont fini par concéder l'avantage et que subitement l'équipe était à la peine en cette fin de partie malgré quelques jaillissements du petit Pélé Ayew, il a fallu un joueur d'exception pour faire la différence. Il n'est sans doute pas le plus connu des joueurs ghanéens, plutôt éclipsé par l'aura de Michael Essien, Sulley Muntari à 24 ans n'en est pas moins important.

En l'absence du capitaine et talentueux Stephen Appiah, forclos pour cette CAN 2008, le milieu de terrain de Portsmouth, première division anglaise a formé avec son coéquipier en sélection Michael Essien, la paire centrale la plus exposée aux charbons des adversaires du groupe A. Contraint d'effectuer un double travail de récupération et de création, Muntari a écopé de plus de responsabilités qu'à la dernière coupe du monde 2006 dans cette formation ghanéenne orpheline de son maître à jouer.

Muntari qui a passé cinq saisons à Udinese en Italie avant de débarquer l'été dernier en Angleterre marque ainsi les esprits hésitants ou dubitatifs sur la régularité de son talent. Sa frappe superbe en fin de partie déclenchée à 35 mètres des buts guinéens qui file tout droit dans la lucarne, libérant le public du pays organisateur d'une grosse anxiété sur la suite de la compétition est un chef d'œuvre. Elle est la preuve d'une inspiration fructueuse et d'un besoin hardi d'assumer sa responsabilité au sein de l'équipe.

Par ce geste, le Ghanéen donne un avant goût des délices de meilleurs gestes de cette CAN. Mais au-delà, il confirme que cette compétition se gagnera moins dans le collectif que sur la force individuelle des équipes. Muntari lance ainsi un défi aux grands joueurs présents à cette CAN : c'est devant la difficulté à s'affranchir d'un adversaire trop accrocheur que le talent individuel fera la différence.

De fait, les prochaines rencontres font peser plus de responsabilités, sur les joueurs de ce niveau. Pour le Nigeria, Obafemmi Martins, Mikel Obi et dans une moindre mesure Yobo Joseph et Taiwo Taye sont invités à faire parler le talent. Côté Ivoirien, le poids de la victoire pèse sur les épaules de Didier Drogba, à défaut Aruna Koné, Dindane, Sanogo, kalou ou Keita sont aussi attendus. Pour le Mali, le talent de Kanouté ou de Cissoko ou Diarra devraient être au rendez-vous.

Mais Quid des Ecureuils du Bénin ! Dans le groupe B, le petit poucet n'a pas à parler d'un talent individuel. C'est dans la discipline tactique qu'elle fera douter ses adversaires. Le reste viendra après. Cette discipline tactique passe par le respect scrupuleux des consignes de Fabisch à savoir jouer et se faire plaisir. Pour une petite équipe comme le Bénin, c'est le collectif qui devra parler comme c'était le cas de la Grèce à la dernière coupe d'Europe des nations 2004.

vendredi 11 janvier 2008

Ecureuils : Jouez "décomplexés" !

Des parties de plaisir. Voilà ce que l'on attend des Ecureuils à la phase finale de la CAN 2008. Bien que le rétroviseur renvoie encore des reflets de la piètre performance du Bénin à la CAN 2004, les Ecureuils ont l'impérieux devoir de faire bégayer les pronostics. Face aux colosses de leur poule, le défi est incommensurable mais pas insurmontable. C'est de la mythologie grecque qu'il faudra s'inspirer.: les gargantuas ont un talon d'Achille. Aux Ecureuils de viser juste !

Les lendemains de la CAN ne devraient plus être des moments d'absinthe pour le public sportif béninois. Le miel de la qualification des Ecureuils devrait être conservé dans un bocal soigneusement entretenu. Inattendue qualification, précieuse qualification. En jetant un coup d'œil à la liste des 23 de Fabisch, le commentaire coule en trois mots. Rien A Commenter. Le Bénin n'est pas le Cameroun, le Nigeria ou la Côte d'Ivoire qui peuvent se permettre de laisser des joueurs de talents sur le carreau pour cause de concurrence.
Parmi les appelés, la plupart étaient déjà présents à la CAN 2004. Un retour au premier plan qui dénote de la mue ou plutôt de la maturité de nos ambassadeurs. Les Ecureuils n'ont pas l'expérience des vétérans de la CAN. Ils sont loin d'être les favoris mais ils ont la capacité de devenir des invités surprise. Le passé des rendez-vous internationaux regorgent de plusieurs exemples. Le Mali de 1994 a atteint la demi-finale en éliminant le pays organisateur, la Tunisie. Le Danemark a remporté l'Euro 92 alors qu'il n'était même pas qualifié. Le Sénégal novice a éliminé la France tenante du titre au premier tour à la Coupe du monde 2002. Et plus près la Grèce nonchalante a remporté l'Euro 2004 en sortant tous les favoris. Quel est le secret ?
Eh bien, il n'y a pas de secret. Il faut jouer décomplexés. Décomplexés sans doute un néologisme à la signification fort simple : ne pas être complexés. Le Lexilogos explique complexé par "Qui souffre de complexes, particulièrement d'un complexe d'infériorité. Maladivement, exagérément timide". Autrement dit jouer décomplexé, c'est éviter de se comporter en petit, de se présenter timide sur les pelouses d'Accra. C'est jouer comme si l'on était au même niveau que l'adversaire.
Le football est un jeu qui se joue à 11 contre 11 et au finish, c'est le plus efficace qui remporte pour paraphraser cette boutade qui colle bien aux Allemands. Mais on peut aussi perdre tout en étant fière de sa prestation parce que tout simplement l'équipe a mouillé son maillot et qu'elle a rencontré meilleur qu'elle. Voici à titre d'exemples des comportements d'équipe décomplexés. Le Rwanda à la CAN 2004 a joué décomplexé devant la Tunisie qui a remporté par 2-1. La Zambie à la CAN 2006 a joué décomplexé face à ses adversaires. Le Costa Rica à la coupe du monde 2006 a joué décomplexé face à ses adversaires notamment l'Allemagne.
Aux Ecureuils de suivre ces nombreux exemples et de se présenter sur les pelouses d'Accra sans complexe. Ils ont l'avantage que n'étant pas favoris, leur public ne leur réclame pas le trophée mais du beau jeu. S'il vous plait, les joueurs, porte-étendards n'humiliez pas notre drapeau. Oubliez Tunisie 2004 ! Jouez du beau football au Ghana ! Même en cas de défaite, nous serons debout pour saluer votre prestation.