mercredi 15 avril 2009

Mathieu Kérékou, retraité ou chef des opposants ?

A mesure que l’on approche à grands pas de 2011, les cire-pompes de Boni Yayi tirent à boulets rouges sur l’ancien président de la république. Mieux, les attaques les plus virulentes contre Mathieu Kérékou sont l’œuvre des membres du gouvernement originaires du Septentrion. Boni Yayi a-t-il identifié le vrai chef de l’opposition, pourrait-on se demander ?

« Quand Kérékou est là, on avait honte », a lâché sans aucune forme de précaution le ministre de l’Energie, Sacca Lafia dimanche dernier sur un plateau de télévision. Les observateurs de la vie politique nationale ont pu sans doute mettre cette déclaration sous le coup de l’adversité légendaire que Sacca Lafia avait toujours affichée devant les actions de l’ancien président de la république.

Mais c’est omettre qu’en politique, les lignes bougent inexorablement et qu’aucune borne n’est figée. Il suffit de scruter les différentes mares actuelles à savoir FCBE, G4 ou G13 pour s’en rendre compte.

La charge de Sacca Lafia n’est donc pas un coup de sang à mettre sur le compte de vieilles amertumes. D’autant que Kérékou, contrairement à Soglo depuis 1996, n’est plus au pouvoir et reste en réserve de la logorrhée politique. Bien de ses soutiens de l’ex-UBF sont disséminés dans les différents groupes politiques pro ou anti-Yayi.

Aussi, à l’inverse de Soglo qui a été le tout premier personnage a sonné la charge sur Radio France Internationale des dérives du régime du Changement, avant de s’afficher clairement avec les forces politiques qui souhaitent « changer de chauffeur en 2011 », Mathieu Kérékou a choisi de vivre sa « retraite ».

Voulu paisible, le décrochement du Kaméléon agite les langues et nourrit les plumes. Reckya Madougou, icône du Changement et ministre originaire de la région nord du pays a été la première à ruer dans les brancards contre le Général avec son livre « Mon combat pour la parole ». Le livre qui ramène les projecteurs de la vie politique béninoise sur le « retraité » a le mérite d’endormir les caurisants sur la réorganisation des forces de l’opposition à Boni Yayi à Bohicon, premier pas du pacte de 2011.

De même, le bilan de l’an III du Changement ne pouvait passer inaperçu alors que de part et d’autres la veillée d’armes a commencé pour les joutes électorales de 2011 (législatives et présidentielle cumulées). Du coup, c’est une mouvance qui cherche en vain à identifier la tête du serpent qui poursuit et avale ses poussins à l’hémicycle comme partout ailleurs.

Dans cette frénésie, Soglo semble plutôt admis comme un partenaire avec lequel il est encore possible de trouver un modus vivendi. L’UDS, le parti de Sacca Lafia ne s’est pas empêché de rappeler que la RB de Nicéphore Soglo a toute sa place dans la mouvance présidentielle.

Quant à Adrien Houngbédji, les caurisants minimisent sa capacité à gagner une élection présidentielle au vu de son fief assiégé et dépouillé et de la difficulté que le leader PRD éprouve encore à ouvrir son parti aux ressortissants des autres régions du pays.

L’anguille donc, c’est Bio Tchané au parcours siamois et dont le rêve contenu est d’hériter de l’ancien électorat de Kérékou qui a profité en 2006 à Boni Yayi. Mais a-t-il l’onction du Kaméléon ?

En effet, le prix que paie actuellement Mathieu Kérékou dans la bataille politique pour 2011 suffit à lui seul pour comprendre qu’il est considéré moins comme « un retraité » mais plutôt un acteur majeur pour l’alternance qui ne peut prendre ses sources qu’une fois la carte politique bouleversée dans le septentrion. C’est contre cela que luttent becs et stylos, les Yayistes originaires du nord du pays.

En jetant du sable sur le moteur présumé, Sacca Lafia et consorts ont choisi une méthode archaïque pour éteindre le feu de l’alternance qui couve. L’élégance politique aurait choisi l’extincteur, plus moderne et moins bruyant. Refuser la méthode polie pourrait davantage crédibiliser la position de « chef » des opposants qui a souri à Kérékou en 1996 et qui pourrait bien faire de lui, le faiseur de roi en 2011.

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