jeudi 2 avril 2009

« J'ai déjà eu la trouille au Bénin »

Témoignage. En marge de Côte d'Ivoire - Malawi, une tragique bousculade a fait 19 morts et 132 blessés. Déjà pris dans un mouvement de foule en Afrique, Alain Pascalou, le directeur technique du Muc 72, raconte...

Comme j'étais parti à l'étranger, j'ai appris cette tragédie par la radio et les journaux. J'ai été très surpris que cela se soit produit en Côte d'Ivoire, où la Fédération est très bien organisée et les dirigeants compétents. A l'image de son stade, Abidjan s'est modernisée. Ce n'est pas Conakry et la Guinée. S'il y a un pays en Afrique qui peut gagner la Coupe du monde par son affiliation, par la valeur de ses joueurs, c'est bien la Côte d'Ivoire (...)

Cela dit, quand tu vas voir un match en Afrique, sincèrement, tu as parfois la trouille. Là-bas, l'engouement football est impressionnant. Les stades sont remplis quatre heures avant le coup d'envoi. Un soir de match, ça bouillonne de tous les côtés.

Le foot est une vraie religion et Drogba un Dieu vivant qui ne peut même plus sortir à Abidjan. D'ailleurs, ça peut même se retourner un jour contre lui car ils attendent tous qu'il dribble dix joueurs et qu'il marque. C'est le revers de la médaille... Stephane (Sessegnon), c'est pareil. Une véritable idole au Bénin (...)

En Afrique, les mouvements de foule avant et après un match peuvent être traumatisants (...) J'en ai d'ailleurs connu quelques-uns. Ma dernière grosse frayeur, c'était avant Bénin-Mali. Ce jour-là, si je n'avais pas avec moi deux copains de Sessegnon, je ne serais pas rentré.

Pour des stades de 50 000 places, ils peuvent en offrir 65 à 70 000. Ils sont tellement passionnés qu'ils jouent l'effet de foule. Ça pousse et ça rentre. Tu ne sais pas trop comment. La veille, il y avait eu pourtant des morts au Togo. J'ai été pris dans un mouvement et, par chance, j'ai réussi à me dégager.

La deuxième fois, je m'étais mis un peu à l'écart en voyant 200 personnes pousser devant une porte d'un mètre de large. Là, tu vois bien que ça ne passera pas. Deux autres fois, au Maroc et au Bénin, je suis rentré au stade après une charge de la police (...)

Une fois à l'intérieur, je n'ai pas peur. Il m'est pourtant arrivé plusieurs fois d'être quasiment le seul Européen dans les tribunes. Les Africains rigolent de me voir prendre des notes. Ils sont chaleureux. J'aime leur côté rigolard et leur fête. En revanche, je n'y emmènerai pas mes enfants...

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