lundi 20 avril 2009

Hiddink redonne à Chelsea le goût de la victoire

Qualifié pour la demi-finale de la Ligue des champions face à Barcelone, finaliste de la Coupe d'Angleterre après sa victoire, samedi 18 avril, sur Arsenal (2-1), troisième du championnat d'Angleterre à quatre points seulement de Manchester United, en tête du classement des butteurs grâce à Nicolas Anelka : Chelsea est à l'affiche partout ! Depuis son arrivée en février à la tête des "Blues", le manager néerlandais Guus Hiddink a réalisé un sans faute.

Autant son prédécesseur à Stamford Bridge, le Brésilien Luiz Felipe Scolari, jouait de son charme, autant ce fils d'instituteur compte sur son punch. Bon enfant dans le privé, ce spadassin d'apparence maussade ne retient guère ses coups. C'est James Cagney, le sourire en moins.

Surtout, pour s'imposer dans la jungle torride de la Premier League, Hiddink dispose d'un atout clé : la totale confiance du propriétaire, Roman Abramovitch. L'oligarque russe avait fait appel au sabreur pour diriger la sélection de son pays, demi-finaliste et révélation de l'Euro 2008. Sa fidélité à l'homme d'affaires relève d'un contrat spécial qui n'interdit pas les foucades de ce faux calme qui renverrait bien à Corneille, "laissons faire mon roi, ma vaillance et le temps". A l'inverse de son prédécesseur et à l'instar de tous les Néerlandais, Hiddink maîtrise parfaitement la langue de Shakespeare.

Ce polyglotte a pratiqué aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, en Turquie, en Espagne, en Corée du Sud, en Australie et en Russie. Il est à l'aise dans l'univers multinational du Chelsea FC qui compte une quinzaine de nationalités différentes. Celui qui a remporté la Coupe d'Europe des clubs champions en 1988 avec le PSV Eindhoven a aussi une culture "club", indispensable pour s'imposer dans le foot anglais.

La tactique du "football total" à la hollandaise chère à son mentor, le légendaire Rinus Michels, est le premier secret de son succès outre-Manche. Hiddink a su insuffler aux "Blues" un mélange de fluidité et de détermination. Avec des défenseurs poussés vers l'avant et des attaquants omniprésents en défense, le mouvement permanent brouille les cartes du jeu au profit de l'expression collective.

Surtout, Hiddink a rendu confiance aux joueurs marginalisés par Scolari et son parti pris latin. A commencer par l'attaquant ivoirien Didier Drogba et le Français Florent Malouda. "D'homme à homme, j'ai dit à Didier : "Tu as joué dans les grandes compétitions, moi j'ai aussi de l'expérience." Le respect, le dialogue, l'encouragement à se dépasser m'ont permis de tirer le meilleur de chacun", dit Hiddink à propos du retour au premier plan des deux ex-complices de Guingamp. Le manager a également transfiguré le milieu de terrain monopolisé par un Frank Lampard au sommet de sa forme.
L'absence de "chouchous" s'est accompagnée d'un renforcement de la discipline. La mise au vert du vendredi soir a été supprimée. De lourdes amendes punissent les retardataires aux séances d'entraînement prolongées et plus ardues. Cet homme chaleureux n'a pas d'amis parmi les joueurs et le staff. Son truc à lui, c'est d'être le patron, "dur, absolument dur". Force et souffle de taureau, il n'aime pas qu'on traîne derrière lui.

Son compatriote, le joueur d'Arsenal Robin Van Persie, affirme que tout ce que touche le magicien de Chelsea se transforme en or massif. Dès lors, comment expliquer l'anxiété des supporteurs ? Les faiblesses de la défense et la méforme du gardien de but, Petr Cech, sont certes deux sujets d'inquiétude.

Mais surtout, Hiddink s'est engagé à quitter le club à la fin de la saison pour se concentrer sur la préparation de l'équipe de Russie en vue du Mondial 2010 en Afrique du Sud. Roman Abramovitch l'aurait promis au premier ministre Vladimir Poutine, avec lequel il a toujours entretenu de bonnes relations. Carlo Ancelotti, le manager du Milan AC, serait favori pour remplacer Guus le Magnifique.


Tiré de www.lemonde.fr

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