samedi 3 mai 2008

Au delà de la démission de Fabisch

La glose consistant à justifier par une erreur de casting le départ de l'excentrique technicien allemand apparaît superficielle. Le chapelet des démissions s'égrène inexorablement. En moins de six ans, huit sélectionneurs des Ecureuils ont jeté l'éponge. Une récurrence qui oblige à fouiller dans les décombres. Comme le confiait en novembre 2003, l'ancien capitaine de l'équipe nationale, Jean Marc Adjovi Bocco, qui a depuis ses mésaventures en 1997 choisi le Sénégal comme sa seconde patrie après la France, "Les Ecureuils à la CAN, c'est l'arbre qui cache la forêt".

Comment taire, en effet, la médiocrité ambiante sur les pelouses et dans les arcanes décisionnelles pour justifier par des tirades oiseuses les fugues des techniciens étrangers engagés à prix d'euros. S'ils ont tous jeté l'éponge à un moment crucial de leur séjour, c'est moins en raison de leur incompétence à insuffler un nouveau souffle au football béninois qu'à leurs difficultés à travailler dans un environnement hostile au progrès et à la modernisation.

Taelman, Atturquayefio, Simondi, Neveu, Révelli, Dévèze, Edmé, Fabisch ! Huit (8) entraîneurs de haut niveau passés à la trappe des intrigues, de l'amateurisme, de l'ignorance et de la gloutonnerie des dirigeants. Au Bénin, la durée moyenne d'un sélectionneur est de seize (16) mois. Trop peu et trop court pour doter l'équipe nationale d'une bonne crème.

L'affairisme des dirigeants de la Fédération béninoise de football et la myopie affichée par les différents ministres des Sports ont fini par ôter à ces missionnaires du ballon rond tout enthousiasme de travailler dans le pays. La nébuleuse imbrication des sélectionneurs tire sa source dans la gourmandise (argent s'entend) de nos dirigeants.

René Taelman, débarqué d'une galerie de la presse sportive belge puis horriblement lâché par son mentor Moucharaf Anjorin, a plié bagages à Khartoum, loin de son lieu de travail. Entre temps, il a servi de marionnette pour la Fédération qui voulait contrer les velléités du ministère de tutelle d'imposer le Français Bernard Simondi à la tête de sélection nationale.

Une fois le consensus trouvé avec les responsables de la Fédération dans la répartition des subprimes de la participation des Ecureuils à la CAN 2004, sur le dos du contribuable béninois, c'est le ministre des Sports de l'époque qui écrit et exécute le scénario de la traque du Français. Bernard Simondi, avant de partir, a assigné l'Etat béninois en justice.

Quant au Ghanéen Cecil Jones Atturquayefio, dont le salaire aurait subi trop de coupes sombres, il a filé un matin à l'anglaise pour son pays, avec à la solde une plainte contre la Fédération béninoise de football adressée à l'instance faîtière du football, la FIFA.

Les Locaux Edmé Codjo et Wabi Gomez, deux souffre-douleurs sont régulièrement appelés pour parer les défections mais avec des salaires exécrables. "Quand on voit, au-dessus, comment les responsables et les entraîneurs étrangers se sucrent, on joue aux bouches-trous par patriotisme", confie l'un d'eux.

L'aventurier Serge Dévèze à qui l'encyclopédie libre Wikipedia ne consacre que quatre grincheuses lignes, a quitté le navire après avoir envoyé une bafouille depuis son pays natal. Bafouille dans laquelle, il expliquait en des termes voilés l'impossibilité de poursuivre sa mission.

A présent Reinhardt Fabisch, présenté comme le "sauveur" pour la phase finale de la CAN 2008 et pour une éventuelle qualification à la Coupe du monde 2010, s'est carapaté prétextant d'une maladie. Les mauvaises langues disent que le technicien allemand a été envoûté. Un départ qui loin de régler la situation installe une atmosphère de pourrissement dont seuls profitent les responsables de la Fédération et du ministère des Sports.

Bref le Bénin qui n'est pas un Etat riche, mais dont les dirigeants du football vivent comme dans un pays de Cocagne, devrait se mettre très tôt à l'école sénégalaise. Les distractions du genre "Forum national du sport" ne sont que louvoiement et tentative de noyer le poisson dans un pays dénué de professionnels de haut niveau. Pour une bonne ambiance de travail, il faudra très tôt karchériser le milieu sportif, seule condition pou ne plus paraître ridicule dans les rendez-vous internationaux.

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