lundi 4 juin 2007

Le nul incommodant des Ecureuils

Match nul. Chétive consolation pour le public sportif qui espérait un remake du parcours glorieux des "Ecureuils de la CAN 2004". Le calibre de l'adversaire, qu'il s'appelle les Aigles du Mali ou tout autre rapace, on s'en fout ! Pour que l'inconfort ne se substitue pas à l'amertume dans deux semaines face aux Eperviers du Togo, seule comptait dimanche dernier la victoire.

Passée l'étape de l'apprentissage (2002-2005) qui a succédé à la préhistoire du football béninois (1960-2001), il faudra dès maintenant arrêter avec l'angélisme grotesque qui consiste à 'positiver' les défaites ou à faire contre mauvaise fortune bon cœur. La petite forme dimanche du onze national a mis en exergue un début d'asthénie du football béninois. Il s'y ajoute l'état piteux de la pelouse du stade de l'Amitié, facteur des rebonds, des imprécisions et de toutes les maladresses. Impossible dans ces conditions de vivre un match plein malgré la qualités individuelles des athlètes et l'enthousiasme débordant du public.

Du coup les statistiques sont accablantes pour les Ecureuils, 5 occasions et 1 maigre tir cadré (le coup franc d'Omar Tchomogo en dernière période). Des données qui contrastent de façon ostentatoire avec les repères de l'adversaire, 7 occasions et 5 tirs cadrés. Comme un signe indien, l'insuccès malien révélé depuis quelques années s'est avéré à nouveau à Cotonou. Il explique toute la veine des Ecureuils au match aller comme au retour. Déterminant subsidiaire dans une compétition sportive, la baraka est ce qui a manqué le plus à la remuante équipe malienne.

A contrario, "les Jaunes", à l'exception du fringant Jocelyn Ahoueya, infatigable dans ce travail ingrat de la récupération, ont fait preuve d'une passivité extraordinaire, ne parvenant jamais à élever le rythme de cette rencontre. Et pourtant, le onze de départ ne souffre d'aucune contestation.

Le duo Maiga-Omotoyossi forme déjà un vieux couple depuis la CAN junior. Mais par manque d'altruisme et une mauvaise anticipation dans les appels de balle, ce duo demeure le moins prolifique de l'histoire des matches des Ecureuils.
Rare cadre avec Rachad Chitou dans l'effectif, Omar Tchomogo avec toute son expérience a suffoqué le jeu offensif et Stéphane Sessegnon, en dehors de quelques éclairs, n'a pas su élimer la défense malienne. Résultat des courses pour ces deux créateurs, l'animation offensive a manqué de jus.

Du coup s'est dévoilé au grand jour, le travail ingrat abattu en milieu de terrain par Jocelyn Ahoueya et Seidath Tchomogo pour contenir l'adversaire disposant d'un milieu très fourni avec Keita et Diarra. Inusables, les deux milieux béninois, toujours sur la brèche, ont déployé une intense énergie qui a voilé la prestation terne et approximative de leurs coéquipiers.

Derrière, le bloc défensif a ainsi profité de cet engagement dans la récupération pour ne pas apparaître comme souffre-douleur en face du géant Kanouté, très malheureux ce soir là. Et la prestation en dents de scie de Rachad Chitou, tantôt merveilleux quand il sauve la cage béninoise d'une parade utilitaire, et tantôt ubuesque quand il s'emberlificote dans une relance devant l'adversaire, a révélé un manque évident de concentration chez les Ecureuils à l'entame de ce match. Les simulations grotesques, en début de partie, de Razack Omotoyossi à la recherche de penalties imaginaires a mis au grand jour la facilité périlleuse avec laquelle les poulains de Wabi Gomez ont abordé le match face au Mali .

Les Ecureuils n'ont pas pris très tôt la mesure de l'enjeu comme c'est souvent le cas quand l'euphorie devance la réalité. Pour mémoire, en septembre 2003 face à Madagascar, à défaut de pression et devant les lauriers dressés à la suite du résultat flatteur à l'aller (1-1); les Ecureuils menés 2-0 en première mi-temps n'ont dû leur salut à Cotonou que par la complaisance de l'arbitre nigérian qui a accordé deux généreux penalties au Béninois pour gagner le ticket pour la suite.

Ces Ecureuils-là ne se déterminent que sous pression. Tenez ! En 2002, dégonflés (0-3) à Khartoum après le nul flatteur (1-1) de Lusaka, les Béninois se sont repris à Cotonou (3-0). En 2005, à la Can junior, après la casse nigériane, les Ecureuillons se sont bien repris face à la Côte d'Ivoire. En 2006, après la défaite à Lomé (1-2), ils ont dompté Sierra Léone (2-0) à Cotonou et réalisé l'exploit (0-0) à Bamako.

Cajolés, les Ecureuils se déconcentrent vite. Pour venir à bout du Togo dans moins de deux semaines, il faut crier haro sur le baudet. C'est la seule voie de salut devant les maigres chances qu'il reste pour accrocher une bonne seconde place du groupe 9, synonyme de qualification.

3 commentaires:

Pierre DOVONOU LOKOSSOU a dit…

Excellente réflexion Souleyman. Les statistiques des occasions de but nous étaient réellement défavorables. Mais je n'ai pas compris pourquoi nos Ecureils ne se sont rendus à l'évidence que les corners ne devraient pas être joués directement quand on est soi-même handicapé par la taille. Plus de 6 corners ont été bottés sans que les Ecureils ne puissent inquiéter une seule fois les maliens ! Quand on a que de grands gaillards dans la défense adverse, on joue les corners à la remoise pour assurer la qualité de la dernière passe. Cela a échappé à nos joueurs et à l'entraineur. La seule fois qu'ils ont joué à la remoise a permis de donner un centre un peu plus précis. Peut-être qu'on aurait pu faire la différence à ce niveau.

Il est désormais clair que nous ne devons plus nous contenter des partages de points. On ne partage que lorsqu'on en a suffisamment. Il nous faut désormais battre le Togo et la Sierra Leone quelques soient les circonstances.

Pour finir, je dirai un mot sur le désordre qu'il y a eu au stade le dimanche dernier à l'entrée du stade. Comment peut-on comprendre que le stade soit plein comme un oeuf alors qu'il y a encore plus de 5 000 personnes avec des tickets. Je m'étais rendu au stade à 13 heures 50 environ avec 5 amis canadiens et je vous assure que j'ai eu honte pour mon pays. Des gendarmes sortis de je ne sais quelle école de formation et qui donnaient de coups de ceinture et de batons dans tous les sens. Mes canadiens ont failli recevoir des coups de batons ! J'étais dans la triste obligation de rentrer à la maison comme beaucoup d'autres l'ont fait, pour suivre le match à la télévision. Comment peut-on émettre plus de tickets qu'il n'y a de place !! En principe, cela mérite une enquête et des sanctions doivent tomber. J'aurais appris que l'opération 1000 femmes a fait rentrer ces femmes gratuitement au stade ! Pour vraiment soutenir les Ecureils il faut payer. Les organisateur de cette opération devraient acheter des tickets à leur mille femmes.

Pierre

obanshola a dit…

Salut ASHANTI, je découvre tes écris et j'admire la qualité de ta plume et son courage.

Contrairement au grotesque monteur dont le but était de s'approprier l’éventuelle victoire des écureuils, je fais partie de ceux qui ne croient pas à notre qualification.
En effet, je n'arrive pas à comprendre, un père de famille qui prive son fils d'un répétiteur crédible et de bonnes conditions d'étude pour affubler ce laborieux candidat de promesses mirobolantes.

N'aurait-il pas été mieux d'investir le montant de ses promesses dans la formation (Ecole de décentes, bouquin de qualité, répétiteur maitrisant les matières …) du pauvre garçon ?


En faite, j'ignore pourquoi les Ecureuils n'arrivent pas à élever leur niveau de jeu depuis le départ de Serge DEVEZE ?

Pourquoi ne prenons nous pas un entraineur qui est au parfum des nouveaux préceptes du football total et moderne? Tenez, le dernier stage que Foruné GLELE a fait en allemagne remonte à 10 ans, du temps du projet Bénino-allemand de football ! Quand-à Wabi GOMEZ, il a procédé à son renforcement de capacité depuis quand ? (je cherche toujours...)
Malheureusement c’est à ces messieurs que nous confions tous nos espoirs et on nous dis de rêver !

Cessons de prôner un nationalisme de mauvais alois et recrutons les meilleurs Coachs de la planète à qui nous donnerons ensuite les moyens de leur stratégie pour une équipe nationale réellement "émergeante" sinon, le reste ne sera que des incantations!
La preuve, face à l'équation Jodar (sélectionneur français des Aigles), nos entraineurs n'ont pas pu trouver solution.
Est-de leur faute? Non!

Ils n'en avaient pas les moyens intellectuels (ils ont besoins d’un renforcement de capacité) ils ont fais ce qu'ils pouvaient, même que leur feuille de route n'a pas été accepté ni respecté.
Dans cette condition qu'attendre des Ecureuil ? Suivez mon regard !

axelbaink a dit…

je pense qu'il ne faut pas s'attarder sur les statistiques du match. le bénin et le mali se sont quelque peu handicapés mutuellement au profit du togo qui se détache un peu plus (si chacun avait gagné chez lui le suspense dans le groupe serait encore plus palpitant).
Now il faut se concentrer sur les prochains matches et essayer de prendre le maximum de points possible càd les 6points et après on verra....