dimanche 3 août 2008

Robert DOSSOU : Les Liaisons dangereuses

Elu sans coup férir président de la Cour Constitutionnelle, « Bob » comme l’appellent ses anciens camarades de la légendaire Fédération des Etudiants d’Afrique Noire Francophone (FEANF) a du mal à chasser le naturel. Son militantisme séculaire revient au galop et l’on se demande comment le sage Dossou parviendra t-il à éclipser le partisan Robert.
On peut incarner un bon président de la Cour Constitutionnelle et entrer plus tard au panthéon de cette juridiction avec un profil inégalable d’ancien bâtonnier, défenseur des martyrs de l’agression du 16 janvier 1977, d’ancien patron du Décanat de la Faculté des Droits de l’Université Nationale du Bénin, d’ancien député et président de la Commission des lois de l’emblématique première législature du Renouveau démocratique, d’ancien ministre de deux régimes politiques contradictoires voire d’ancien candidat malheureux à la Magistrature suprême.
Mais, même avec un curriculum vitae aussi épais, on peut – sans s’en rendre compte - passer à côté de son mandat de « premier sage ». Il suffit pour cela de ne pas renier le passé récent et les connivences qui vous poussent à afficher au grand jour un soutien au candidat futur vainqueur de l’élection présidentielle, d’être en plus sous les feux de la rampe pendant les campagnes électorales des législatives et puis des communales, de bénéficier d’une procédure bancale de nomination à la Haute Juridiction, de prêter serment devant un lambeau de bureau du Parlement, de rassurer l’opinion publique qu’on accomplira sa fonction « en toute probité et en toute indépendance » pour enfin démarrer par un flop.
A tous égards, était-il opportun pour le sage Dossou fraîchement désigné pour siéger à la Cour Constitutionnelle en dépit des récriminations de l’opposition sur la procédure de nomination des nouveaux membres de cette juridiction, de s’investir dans une campagne électorale locale aux côtés des Forces Cauris pour un Bénin Emergent ? Y a-t-il une explication rationnelle à s’aliéner la confiance des citoyens en rendant une décision de droit aussi controversée sur le blocage des activités parlementaires, le soir d’une audience accordée au partisan Robert à la Marina ?
Pour autant, ceux qui s’attendaient à un effet de catharsis chez l’actuel président de la Cour Constitutionnelle ont tout faux. Car « Bob » a passé l’âge de la déloyauté. Pour lui, s’accommoder de « l’intrus » est naturellement le chemin de la vertu. S’en délier apparaît à ses yeux comme une fourberie, une traitrise.
Mais le danger d’une telle allégeance, c’est que le pacte politique qui pourrait exister entre les deux têtes de l’exécutif et du juridictionnel prend en otage le citoyen lambda, le contribuable. « Car enfin s’il fallait donner une preuve de l’utilité et de la grandeur de ces institutions, il faudrait bien dire que c’est l’Etat qui les subventionne », pour citer le personnage de Meursault dans l’Etranger d’Albert Camus.

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